vendredi 18 juillet 2014

Marseille : guerre des gangs, l'escalade

C'est comme une macabre répétition. Ceux qui se retrouvent confrontés aux scènes de crime post-règlements de comptes, redoutent toujours ce moment d'angoisse et d'émotion exacerbées. Un frère, un père, un oncle gisent ensanglantés sous un drap blanc, lorsque des cris résonnent au milieu des badauds. Les proches de la victime viennent d'arriver. Entre sanglots et râles de haine, la douleur se transmet partout, en quelques secondes, même aux plus endurcis.
Hier encore, ces pleurs-là ont accompagné l'assassinat de Karim Regaoui, 36 ans, sur un trottoir de l'avenue de Saint-Antoine (15e). Le destin l'a rattrapé aux environs de 16 h, lorsque deux hommes arrivés sur un scooter de grosse cylindrée se sont portés à sa hauteur, alors que la victime leur tournait encore le dos. Trois balles de revolver dans le crâne et le dos l'ont terrassé et les marins pompiers se sont affairés sur sa dépouille avec l'énergie du désespoir.
Un scénario d'une tragique banalité si ce n'était les circonstances, celles nourries par les témoins et les proches, qui n'ont fait qu'alourdir le climat, jusqu'à le rendre explosif. Il y a d'abord le frère de la victime, le teint blanc et le verbe haut, en état de choc. "C'est mon deuxième frère assassiné, je veux le voir, lançait-il aux fonctionnaires de police en faction devant le cordon de sécurité. Face au refus des policiers, le ton est subitement monté de plusieurs crans, avant que la tension ne retombe aussi rapidement.
Qui était-il vraiment ?
Dans la fratrie, c'est Farid qui a succombé le premier aux affres du banditisme. Soupçonné d'avoir éliminé un rival, en janvier 2006, il avait lui-même été assassiné quelques jours plus tard, en représailles, d'après les enquêtes menées sur la série d'assassinats qui endeuillaient déjà Marseille à cette époque.
De Karim, les enquêteurs ne savent pas grand-chose, si ce n'est une affaire de contrefaçons de cartes bancaires pour laquelle il avait été arrêté il y a quelques années. Pas vraiment un profil de trafiquant de haut vol, ceux qui périssent invariablement sous les balles de tueurs masqués.
Qui était-il vraiment ? Quelle que soit sa véritable activité, ses proches et ses amis ont maintenu une atmosphère extrêmement tendue sur place, jusqu'à ce que des heurts se produisent avec les forces de l'ordre. Après des violences vite contenues par un tir de grenade assourdissante et l'envoi de renforts, un calme précaire s'est de nouveau imposé à quelques mètres de la dépouille que les techniciens en identité judiciaire ont commencé à analyser.
Un sinistre spectacle auquel une cinquantaine d'enfants a presque intégralement assisté. Rassemblés au moment des tirs à une cinquantaine de mètres du bar, dans un centre aéré, ils ont évidemment tous été très choqués par l'enchaînement des événements et la Ville a même décidé de mettre en place une cellule psychologique.
La police judiciaire attendait de son côté d'en savoir plus sur le témoignage de l'entourage de la victime, pour échafauder ses premières hypothèses et partir à la recherche des tueurs.

http://www.laprovence.com/article/actualites/2966606/marseille-guerre-des-gangs-lescalade.html

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