jeudi 23 août 2012

Crash d'un ULM : que s’est-il réellement passé mardi 31 juillet ?

Ce mardi 31 juillet, un ULM traînant une banderole publicitaire s’est crashé au large de Valras. Serge Durantel, le pilote, raconte.
Il y a beaucoup de rumeurs autour de votre crash d’ULM survenu le 31 juillet à 400 m des plages valrassiennes. La brigade de gendarmerie des transports aériens explique que l’enquête est en cours et qu’elle ne peut rien divulguer, à l’exception du fait qu’il n’y avait qu’un ULM impliqué. Vous le confirmez ?

C’est vrai qu’on entend tout et n’importe quoi sur cet accident.
Effectivement, il n’y a pas eu deux ULM impliqués dans cet accident et je n’ai ni percuté le deuxième ULM ni heurté sa banderole.
Que s’est-il réellement passé alors ?
Un avion a besoin d’altitude pour voler en sécurité car l’air n’est jamais stable entre la couche basse et la couche haute. Un avion ça plane, ça rentre dans des couches d’air et l’altitude est un gage de sécurité. Le souci que nous avons, nous, pour mener à bien notre métier, c’est que pour tracter des banderoles publicitaires, on vole bas. On a des autorisations. On appelle cela un vol rasant. Et en l’occurrence, l’avion a décroché.
C’est-à-dire ?
J’ai eu une perte de portance. L’avion n’était plus suspendu dans l’air par le phénomène de succion. On a des filets d’air qui sont décollés au niveau des ailes et l’avion ne vole plus. Là, en l’occurrence, j’ai fait un virage à basse altitude à une vitesse trop faible et j’ai perdu la portance de l’avion. Donc, il s’est mis en décrochage, le nez est parti devant et il a chuté. C’est un concours de circonstances car il faut savoir que plus il fait chaud et moins l’air porte.
À cela il faut ajouter ces grandes banderoles qui font près de 200 m2 et avec lesquelles on ne peut pas aller vite sinon elles se déchirent. Etc., etc.
Et vous n’avez rien pu faire ?
Non parce que je manquais de hauteur pour le reprendre. J’aurais été à 200 m d’altitude, j’aurais pu m’en sortir en mettant les gaz mais là ce n’était pas le cas. Le sol arrivait trop vite car j’étais trop bas.
Et donc vous vous êtes crashé !
Malheureusement oui. J’ai immédiatement tiré le parachute de sécurité de l’avion avant de toucher le sol. Ce qui fait que j’ai réduit énormément ma vitesse avant l’impact. Et c’est grâce à ça que je suis là, aujourd’hui, pour vous en parler. Sinon j’aurai tapé beaucoup plus fort et beaucoup plus vite. J’ai fait les manœuvres maximums pour sauver ma peau.
Pourquoi certaines personnes ont fait l’amalgame en parlant de deux ULM impliqués ?
Tout simplement parce que, ce jour-là, nous étions deux avions pour un seul et même annonceur publicitaire. Et sans doute que lorsqu’ils ont entendu le déclenchement de mon parachute pyrotechnique, pour eux, ça ne faisait pas de doute : j’avais percuté quelque chose.
En ce qui vous concerne, vous êtes toujours en convalescence ?
Oui, je suis en pleine rééducation. Il faut dire que j’ai eu les deux chevilles et une lombaire fracturées. Après le choc, j’ai eu pas mal de trous noirs. Des témoins m’ont dit que j’étais sorti tout seul du cockpit mais moi je ne m’en rappelle pas, par exemple. Mais, dans mon malheur, j’ai eu la chance qu’un pompier ait été en manœuvre avec son petit canoë pneumatique pour me sortir de là.

http://www.midilibre.fr/2012/08/23/que-s-est-il-reellement-passe-mardi-31-juillet,551799.php

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