jeudi 28 juin 2012

Militaires tués en Guyane : que s'est-il passé ?

C'est un épisode d'une rare violence dans la lutte des forces de sécurité contre l'orpaillage. Mercredi, deux militaires ont été tués et deux gendarmes grièvement blessés mercredi dans une opération de l'armée et la gendarmerie contre des chercheurs d'or clandestins en Guyane.
"La première fois que deux militaires sont tués dans une opération contre l'orpaillage". "L'orpaillage s'accompagne de tout un tas de trafic et donc d'une violence certaine entre les orpailleurs qui sont souvent armés, a expliqué le colonel Thierry Burkhard, porte-parole des armées à LCI. Ce n'est pas la première fois que des échanges de coups de feu ont lieu. Néanmoins, c'est la première fois que deux militaires français sont tués lors d'une opération de lutte contre l'orpaillage clandestin.

Ce qu'il s'est passé. Les deux hommes ont trouvé la mort mercredi après-midi pendant une mission au sol sur un site clandestin à Dorlin, dans la commune de Maripasoula. Alors qu'il progressait à pied sur un sentier en forêt, leur groupe a été essuyé un feu nourri. "Ils sont tombés dans une embuscade", a assuré la préfecture. Les deux militaires et les deux gendarmes touchés étaient en tête du groupe. L'enquête a été confiée à la section de recherches de
Guyane.

Déjà un hélicoptère visé. Peu de temps avant l'embuscade, un hélicoptère de gendarmerie à l'approche d'un autre site à proximité avait été pris pour cible. Six impacts de balle avaient été relevés, selon la radio Guyane Première, lors d'un assaut aéroporté.

Des armes de guerre utilisées ? Le procureur de la République de Cayenne n'a pas exclu que les inconnus qui ont tué deux militaires ont pu utiliser des armes de guerre, vu la nature des blessures constatées. Le colonel Didier Laumont, commandant de la gendarmerie en Guyane, s'était interrogé auparavant sur le type d'armes utilisées par les personnes qui ont attaqué les militaires engagés dans une opération de lutte contre l'activité aurifère illicite. "On n'avait pas lieu de penser tomber sur des gens avec une telle détermination et dotés d'armes qui ne sont pas celles utilisées habituellement par les garimpeiros", les chercheurs d'or brésiliens, a déclaré le colonel.

Qui sont les militaires tués ? Ils faisaient partie du 9e RIMa, qui participe aux opérations "Harpie" contre les orpailleurs. L'un des deux "marsouins" est un caporal-chef de 32 ans, père d'un enfant, l'autre un adjudant de 29 ans. Le pronostic vital des deux gendarmes grièvement blessés n'est pas engagé. Ils appartiennent au Peloton de sécurité et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) de Cayenne.

Le ministre des Outre-mer sur place. Victorin Lurel devait arriver sur place jeudi matin pour un "hommage aux deux militaires tués" et une visite aux blessés. Les ministres des Outre-mer, de l'Intérieur (Manuel Valls) et de la Défense (Jean-Yves Le Drian) ont exprimé leur "très vive émotion" et ont salué "l'engagement" des militaires décédés dans cette opération "ainsi que celui de tous les militaires dans la lutte contre l'orpaillage clandestin". Ils condamnent "avec la plus grande fermeté" cette attaque "contre des représentants de l'autorité républicaine".

Le dispositif "Harpie", mis en place en 2008, fait suite à l'opération "Anaconda". Il tente d'éradiquer l'orpaillage clandestin, associant parquet, gendarmerie, armée, police aux frontières, douanes et l'Office national des Forêts. En 2010, près de 600 opérations ont permis l'interpellation de 1.500 étrangers en situation irrégulière. Le renchérissement constant du prix de l'or (50 euros le gramme actuellement contre 40 euros fin 2011) continue à attirer les "garimpeiros" brésiliens en Guyane.

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