vendredi 23 septembre 2011

Les experts accablent le généticien accusé de meurtre

Son procès s'annonce déjà comme une mémorable bataille d'experts. Laurent Ségalat, 47 ans, généticien et biologiste français de renom international, est incarcéré depuis 21 mois à la prison de la Tuilière à Lonay (Suisse).
Cet ancien reponsable du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Lyon est soupçonné par la justice vaudoise d'avoir tué l'épouse de son père, Catherine Ségalat-Perret, 67 ans, lors d'une dispute le 9 janvier 2010, dans le moulin familial à Vaud-sur-Morges. La victime avait été retrouvée le crâne fracassé au pied de l'escalier pentu du moulin. Une ultime expertise en date du 8 septembre accable le généticien et dément la thèse d'une chute accidentelle de la victime dans les escaliers après un malaise.

«Rien ne vient soutenir la thèse d'une chute»


Les deux experts légistes, Duarte Vieira et Beatriz Simoes da Silva, n'y vont pas par quatre chemin. D'emblée, ils évoquent «le rapport rédigé dans une perspective tendancieuse» en faisant allusion à celui du professeur Dominique Lecomte, la directrice de l'Institut médico-légal de Paris. Cette dernière avait livré au début de l'année une analyse accréditant une chute accidentelle.

Les nouveaux experts légistes réfutent cette thèse car ils estiment que les plaies relevées sur la tête de la victime «n'ont jamais été observées» dans des cas de chute. «Une hypothèse bien plus probable serait celle de quelqu'un tirant violemment la victime par les cheveux», écrivent les deux spécialistes. Selon eux, ces plaies ont provoqué «une hémorragie importante par rupture des branches de l'artère temporale». Ils réfutent aussi tout malaise de la victime : «Il n'existe rien qui fonde le diagnostic formulé par le Professeur Lecomte» rappelant qu'un autre expert italien avait aussi démenti cette hypothèse. «Rien ne vient soutenir la thèse d'une chute», écrivent-ils.

«Avec un instrument de nature contondante»

Laurent Ségalat, qui avait rendu visite à sa belle-mère après l'hospitalisation de son père, célèbre libraire décédé depuis, a toujours invoqué de manière constante cette chute. Mais sa version est contredite par les deux légistes : «Les lois de la physique la rendent tout à fait invraisemblable (...) le tableau lésionnel crânien observé, en supposant qu'il ait résulté d'une chute accidentelle, ne serait pas compatible avec le fait que la personne se soit relevée et ait été capable de marcher. Un tel accident aurait provoqué un état d'inconscience». Ils jugent que les blessures ont été commises «avec un instrument de nature contondante». De plus, le visage de Laurent Ségalat présente «des lésions récentes», signes vraisemblables de gestes de défense de la victime.

L'avocat du généticien promet une nouvelle expertise

L'avocat du généticien, Me Gilles-Jean Portejoie, récuse cette expertise considérée comme «tellement outrancière qu'elle en est suspecte et constitue un réquisitoire contre la réputation du professeur Lecomte et Laurent Ségalat». L'avocat promet dans les prochaines semaines une nouvelle expertise très documentée qui permet de dater avec précision la mort de la victime, qui fait l'objet d'un débat d'experts aussi. Au mois de juillet,
des experts helvétiques cette fois, avaient, eux aussi, estimé que l'utilisation d'un marteau comme arme du crime n'était pas possible.
«La thèse de l'accident a du plomb dans l'aile. Elle est totalement disqualifiée. La victime a a subi une agression violente validée sur la base d'une démonstation scientifique implacable. Le prévenu a joué à quitte ou double en sollicitant un expert privé français.En revanche, les conclusions du professeur Vieira portent un coup fatal au système de défense de Laurent Ségalat», lance Me Jacques Barillon, l'avocat de la famille de la victime. Les trois demandes de remise en liberté déposées par le scientifique ont toutes été rejetées par la justice du canton de Vaud.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/les-experts-accablent-le-geneticien-accuse-de-meurtre-22-09-2011-1620534.php

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