mercredi 7 septembre 2016

Affaire Benhellal: 11 ans après les faits, le mari de la Châlonnaise disparue reconnaît qu'elle a été tuée

C’est une histoire truffée de points d’interrogation. Beaucoup trop de points d’interrogation. Depuis la disparition de la Châlonnaise Karima Dandouni, partie en vacances au Maroc en juillet 2005 avec son mari, ces questions hantent la famille de cette femme de 38 ans, aide-documentaliste dans un lycée d’Angoulême. Elles tracassent leur avocat, Me Gérard Chemla. Et empêchent de dormir un journaliste de la Charente Libre, Ismaël Karroum. C’est à lui qu’on doit le coup de théâtre qui intervient 11 ans après les faits.
Ce mercredi, il publie le résultat d’une longue enquête , démarrée à la suite du procès aux assises du mari de Karima Benhellal. En décembre 2013, il a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour un meurtre qu’il a toujours nié. Une peine confirmée en appel. Pourtant la justice ne détient ni ses aveux ni le corps de sa victime.
Estimant ne pas trouver les réponses à ses questions au fil des audiences du tribunal, Ismaël Karroum s’est plongé dans le dossier d’instruction. Et est entré en contact avec Karbal Dandouni, actuellement détenu à Gradignan près de Bordeaux.

Un corps calciné

Les échanges entre le prisonnier et le chef du service région et internet de la Charente Libre se font en pointillé. Et ne s’avèrent pas forcément concluants. Karbal Dandouni affirme toujours être innoncent mais n’apporte pas d’élément nouveau.
Jusqu’au mois d’août dernier. « Il m’a dit qu’il voulait parler », raconte Ismaël Karroum. Et ses premières paroles lui causent un choc. « Il m’a dit que le corps de Karima avait été découvert par les gendarmes marocains le lendemain du meurtre ! »
Et Karbal Dandouni en a la preuve. Il affirme qu’un article est paru, dans un journal local, pour parler de cette macabre découverte. Cet entrefilet, Ismaël Karroum a fini par le retrouver. ¨Publié le 18 juillet 2005, il évoque des faits en date du 16 et affirme que le corps de femme calciné, découvert au bord d’une route, n’est pas identifiable.
Les éléments présents dans cet article coïncident avec la version des faits fournie par le mari de Karima Benhellal. Dès lors qu’il reconnaît la mort de sa femme, le voilà qui entre dans les détails.

Il y avait un plan ultra-violent

« Sa version, c’est qu’il avait l’intention de conduire Karima dans un appartement vide pour la frapper. Après cette rouste, elle aurait accepté un divorce qu’elle refusait, précise le journaliste de la Charente Libre.
Toujours selon les dires de Karbal Dandouni, dans la voiture qu’il conduisait en direction de Had Soualem, au sud de Casablanca, elle était assise à l’avant, sur la place passager. A l’arrière se trouvait le frère de Rabia, la seconde épouse de son mari. Ce serait cet homme qui lui aurait planté un couteau dans la gorge. « Ce n’était pas prévu, ce n’était pas le plan », a confié Dandouni.

Pourquoi parler 11 ans après les faits ?

A nouveau, un flot de questions découle de ces aveux. Pourquoi le beau-frère de Karima aurait-il voulu la tuer ? Quel rôle a joué Karbal Dandouni dans la mort puis l’incinération du cadavre ? Que sait la seconde épouse de Dandouni ? Cette dernière a utilisé les papiers d’identité de Karima Benhellal pour entrer en France.
Pourquoi Karbal Dandouni décide-t-il de parler ? « Il m’a dit qu’il fallait qu’il se libère, relate Ismaël Karroum, qui ajoute que le père du prisonnier, victime d’un malaise très grave cet été, lui aurait demandé de parler. Autre raison envisagée : les relations entre Dandouni et sa seconde épouse Rabia ne sont pas au beau fixe. De là à envisager qu’il puisse vouloir la mettre en cause pour se venger d’elle…
Quelle que soit sa motivation profonde, cela permettra peut-être d’obtenir les réponses qui font défaut depuis plus de dix ans. C’est tout ce que souhaite l’avocat de la famille Benhellal, Gérard Chemla. « Je voudrais que la justice nous permette de récupérer les restes de Karima afin qu’une sépulture puisse lui être donnée », indique l’avocat châlonnais. « Et je souhaite qu’elle vérifie le degré d’implication de la femme et du beau-frère de Karbal Dandouni ».
En droit, Karbal Dandouni est définitivement condamné. Seul un recours en révision pourrait être envisagé mais il faudrait, pour cela, qu’il existe une preuve de son innocence. Me Chemla a demandé au procureur de la République d’Angoulême d’ouvrir une nouvelle enquête. Karbal Dandouni pourrait être bientôt entendu par le Parquet charentais.
http://www.lunion.fr/node/797661

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