samedi 5 mars 2016

La victime pendue par les pieds au-dessus du fût

Eugène Satori a reconnu avoir donné la mort à Denis Garni, un homme d’une trentaine d’années auquel il louait une petite maison située rue des Jeu-des-Enfants à Dettwiller, dans la région de Saverne.
Ses aveux au cours de la deuxième journée de garde à vue n’ont pas été spontanés et de nombreux points restent encore à éclaircir pour les militaires de la section de recherches (SR) de Strasbourg, qui ont travaillé de concert avec leurs collègues de la brigade de recherches (BR) de Saverne. « Il a tenté de minimiser les faits et a livré plusieurs versions différentes », confie un enquêteur.

Des écoutes téléphoniques très instructives

Les gendarmes étaient à peu près certains de tenir leur suspect lorsqu’ils ont interpellé Eugène Satori, mardi matin, à son domicile de Monswiller. Toutes les investigations menées en amont reliaient le père de famille de 50 ans au décès du maçon né en 1981, et qui vivait dans une certaine marginalité. Les écoutes téléphoniques ont ainsi appris aux gendarmes que le suspect usurpait l’identité de son locataire pour réaliser des travaux de maçonnerie qu’il déclarait au nom de Denis Garni. Il touchait dans le même temps sous son vrai nom une pension d’invalidité suite à un accident du travail l’empêchant en théorie d’exercer une activité rémunérée.
Mais l’élément le plus confondant a été fourni aux forces de l’ordre par le fils d’Eugène Satori. Dans le courant de l’année 2015, celui-ci leur a révélé l’existence d’une photographie prise par son père dans le garage de la propriété de Dettwiller, où il résidait à l’époque. Sur le cliché, on voit Denis Garni, que le fils présente comme un ami de son père, accroché par les pieds à une sorte de palan. Le corps est suspendu à la verticale au-dessus d’un tonneau.

Des coups qui lui ont fracturé le crâne

Or le cadavre de Denis Garni, que les gendarmes ont découvert mardi matin à Dettwiller, se trouvait dans ce même garage. Le local était aménagé en atelier de mécanique, avec une fosse pour effectuer des réparations sur des véhicules. Le corps, dont l’identification formelle a pu être réalisée jeudi soir, était immergé dans un fût métallique rempli d’huile de moteur.
L’autopsie pratiquée jeudi après-midi à l’institut de médecine légale de Strasbourg a quant à elle permis d’établir que le jeune maçon avait été violemment frappé à l’arrière de la tête avec un objet, ce qui a provoqué une fracture du crâne et vraisemblablement conduit à sa mort. La nature de l’arme utilisée pour porter les coups n’est en revanche pas connue à ce stade du dossier. Pas plus que le lieu du crime, qui pourrait cependant être le garage où des traces de sang ont été découvertes. Eugène Satori, qui a été écroué à la maison d’arrêt de Strasbourg, sera réentendu sur ces points dans les prochaines semaines.
Il devra aussi lever le voile sur un autre élément crucial de l’affaire : Denis Garni était-il toujours vivant au moment de la photo dans le garage ? Impossible à dire en observant l’image dans le détail. Mais une réponse affirmative à cette question ouvrirait la voie à la caractérisation des actes de torture et de barbarie que le juge d’instruction a retenus lors de la mise en examen du quinquagénaire. Et qui lui font encourir la réclusion criminelle à perpétuité.
http://www.dna.fr/faits-divers/2016/03/05/la-victime-pendue-par-les-pieds-au-dessus-du-fut

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