mardi 19 août 2014

Criminalité : Toulouse n'est pas Marseille

Si les deux exécutions de la semaine dernière rappellent les méthodes expéditives marseillaises, Toulouse n'a rien de comparable aux traditions «crimino-mafieuses» de la cité phocéenne.
Toulouse, Marseille même combat ? Si la comparaison est osée sur le terrain de la criminalité, elle peut paraître légitime au regard des derniers événements survenus dans la Ville rose. À tel point que le procureur de la République, Michel Valet, est sorti de sa réserve habituelle en déclarant ce week-end que Toulouse «n'avait rien à envier à Marseille.» Deux assassinats en 24 heures, sur fond de trafic de drogue, à Beauzelle et au Mirail (zone classée ZSP à Toulouse), les 14 et 15 août. Les victimes, deux hommes de 29 et 24 ans, exécutées toutes les deux au fusil d'assaut, étaient défavorablement connues des services de police. À ces deux exécutions sanglantes s'ajoutent deux autres assassinats survenus en décembre 2013 et janvier 2014, aux Izards, épicentre du trafic de drogue et route de Launaguet. Au total, quatre assassinats et deux tentatives d'assassinats en un peu plus de huit mois. Cette macabre comptabilité reste très en dessous de la vingtaine de tués par arme à feu en moyenne, chaque année, à Marseille (une quinzaine depuis le début de l'année). La cité phocéenne a une tradition est une longue histoire du crime qui remonte très loin, bien avant les truands aguerris de la French Connection (lire page suivante). Avec 45 morts en 2006, ses cités enclavées et une proximité géographique avec la vallée du rif au Maroc où prospère la production de la drogue, Marseille occupe une place à part dans la France criminelle. Les parrains traditionnels du milieu marseillais des années soixante-dix et quatre-vingt ont cédé la place aux petits caïds de cité qui ont voulu prendre le relais. Le trafic s'est morcelé avec à sa tête des clans, des réseaux toujours plus nombreux tenus par des familles entières sur fond de rivalités liées à des conquêtes de nouveaux territoires. À Toulouse, le contexte est différent. Pas de «parrains» historiques mais une délinquance inquiétante. «Il y a un manque de moyens criant dans cette ville qui est la seule de France à absorber plus de 15 000 nouveaux habitants chaque année avec des effectifs de police invariables depuis 2002», dénonce pour le syndicat des cadres de la sécurité intérieure, le commandant Christophe Rouget. «Il faut du personnel dans le domaine judiciaire pour lutter efficacement contre cette criminalité», dit-il. Dans un contexte d'escalade de la violence et face au silence assourdissant des responsables politiques, ce constat est un véritable cri d'alarme.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/08/19/1935954-un-plan-marshall-pour-la-police.html

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