vendredi 29 août 2014

Chute mortelle à Nancy : la piste de l’homicide privilégiée

Nancy. Cinq roses plantées dans une pelouse encombrée de détritus. Juste à côté, on peut voir une impressionnante tache de sang sur une bordure de bitume. C’est là que s’est écrasé, mercredi soir, vers 21 h 30, l’un des résidents du foyer Adoma de la rue Abbé-Lemire à Nancy.
La victime, Jonathan Fulin, est tombée du cinquième étage. Surnommé « Jo » et âgé d’une trentaine d’années, il était hébergé dans le foyer depuis environ trois mois. Il était seul. Sans famille. « Il avait un fils de 4 ans mais il ne l’a pas vu beaucoup ces 2 dernières années », témoigne un de ses compagnons de galère. La trentaine, boucles d’oreille, piercing et casquette sur la tête, il a connu « Jo » avant le foyer.
« C’était un vieil ami. Je l’ai rencontré il y a une douzaine d’années à Pompey », ajoute-t-il, ému. Il fait d’ailleurs partie de ceux qui ont posé une rose à l’endroit où Jonathan Fulin est mort. « Avant que l’on se retrouve au foyer, on se voyait de temps en temps. Je sais qu’il a eu un grave accident de vélo et qu’il était handicapé. Mais il n’aimait pas trop en parler. Sinon, c’était quelqu’un de gentil qui avait le cœur sur la main », témoigne l’ami de la victime.
Lui aussi avait une chambre au cinquième étage de l’aile B du foyer. C’est là que se trouvent les personnes les plus en difficultés (lire par ailleurs). L’ambiance y est souvent délétère. Parfois violente. Et selon plusieurs témoignages, Jonathan Fulin avait des rapports conflictuels avec son voisin de chambre. « Jo m’a dit qu’il l’avait jeté dans le canal avec un groupe de six ou sept autres personnes. C’était il y a quelques jours. Je ne sais pas si c’est vrai, je n’y étais pas. Mais ce qui est certain, c’est que je l’ai vu rentrer avec ses vêtements gorgés d’eau. De toute façon, on lui disait de ne pas traîner avec son voisin car il était plus costaud et il l’engueulait. Mais il retournait quand même le voir… », indique le copain de longue date de la victime.

Accident peu plausible

Que s’est-il passé mercredi soir entre « Jo » et son voisin ? Y a-t-il eu une altercation entre eux qui aurait mal tourné ? Des questions sur lesquelles les policiers brigade criminelle de la Sûreté départementale ont planché durant toute la journée de jeudi. Ils ont interrogé les occupants des quinze chambres du cinquième étage de l’aile B.
Et en particulier le voisin de « Jo » qui a été placé en garde à vue. Car les enquêteurs le soupçonnent d’avoir commis un meurtre. Un élément troublant joue contre lui : c’est de la fenêtre de son logement que Jonathan Fulin est tombé. Le suspect prétend qu’il essayait de passer d’une chambre à l’autre et que sa chute serait accidentelle.
Une thèse qui a du mal à convaincre. Les policiers ne comprennent pas, en effet, pourquoi Jonathan Fulin aurait préféré risquer sa vie en allant d’un logement à l’autre par les fenêtres alors qu’il pouvait tranquillement passer par des portes non fermées à clé. Faute de réponse cohérente à cette interrogation, la garde à vue du suspect devait être prolongée de 24 heures.
Une autopsie de la victime doit avoir lieu vendredi matin à l’institut médico-légal de Nancy. Elle permettra peut-être d’en savoir plus sur les circonstances de sa défenestration. Petit « détail » terrible : Jonathan Fulin était en phase d’insertion et, selon le directeur territorial de l’Adoma, Fawaz Barmada, il devait « être orienté vers une autre structure à la fin de la semaine ». Le trentenaire n’aura finalement pas cette chance.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/08/29/la-piste-de-l-homicide-privilegiee

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