jeudi 10 juillet 2014

Nancy : L'infirmière disparue "sans un bruit"

Au 2e étage de ce coquet bâtiment du quartier de la Croix-de-Bourgogne, à Nancy, le scellé scotché sur la porte d’entrée de l’appartement n° 35, doublé d’un cachet de cire, est sans équivoque : « Homicide ». Il est probable que le drame se soit noué entre le samedi 28 et le dimanche 29 juin, derrière cette porte grise. Que Julie, une infirmière de 34 ans, dont on est sans nouvelle depuis cette date, ait été tuée ? C’est l’hypothèse privilégiée. Policiers et magistrats étaient en possession de suffisamment d’éléments pour que Hafid Mallouk – le concubin – soit mis en examen pour « homicide volontaire » la semaine dernière, au terme de sa garde à vue. Avant d’être placé en détention provisoire, mercredi 2 juillet. Principal suspect dans ce dossier, cet homme de 36 ans, intérimaire chargé des sinistres dans une société d’assurance du centre-ville de Nancy, a été extrait hier du centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville pour être entendu longuement par le juge d’instruction.
Le couple, parents d’une fillette de 4 ans, avait vécu dans le quartier du Faubourg-des-Trois-Maisons à Nancy au moment de la naissance de leur enfant. Avant de s’installer dans cet appartement résidentiel (qui jouxte la cage d’ascenseur), au cœur d’un quartier coupé en deux par la rue Jeanne-d’Arc et aux petits matins parfois agités par une clientèle de noctambules attirés par deux discothèques, vendeurs d’alcool et autres sandwichs.
« Ils étaient discrets », expliquent leurs voisins de palier, deux retraités « impressionnés » par le grand déballage policier du lundi 30 juin. Des enquêteurs de la brigade Criminelle de la Sûreté départementale de Nancy, renforcés par deux techniciens en police technique et scientifique (PTS) qui se déployaient en nombre dans les communs. Pour passer au crible appartement, sous-sol, cage d’escaliers, voiture du couple… et auditionner le voisinage. Sans omettre l’exploitation de la vidéosurveillance (publique et privée) présente sur le quartier. « Nous sommes là depuis seulement un mois », précisent les deux retraités et « nous n’avons rien remarqué, ni entendu de particulier, pas de cris, pas de dispute, pas de fracas », assurent-ils, en pointant le scellé qui clôt la porte. « Les policiers ont tout fouillé, ils sont restés là plusieurs heures et sont même revenus le lendemain. Le concubin était avec eux, il m’a dit bonjour comme si de rien n’était », précise le retraité. « D’elle, j’ai le souvenir d’une jeune femme blonde, charmante et très gentille ».
« Jamais elle ne serait partie sans prendre de nouvelles de sa fille »
Sur une étagère en pin installée sur le palier par le couple, trône encore la laisse et le collier étrangleur de leur chien. Le tricycle de la petite fille est resté là, lui aussi. Un 2e jouet similaire est toujours dissimulé dans une armoire technique des communs. Infirmière spécialisée en psychiatrie et relaxologie, Julie était une mère aimante et entourait particulièrement son enfant. « C’est elle qui gérait le quotidien », observe un ami de longue date, bouleversé par les événements. Le week-end du drame, la petite avait été confiée à garder dans la famille du suspect.
« Jamais elle ne serait partie comme ça, sans prendre de nouvelles de sa fille. Je ne crois pas un instant qu’elle ait pu disparaître au cours de la nuit, sans explications rationnelles, en laissant sa petite derrière elle. Tout laisse à croire qu’il s’est passé quelque chose de très grave… », poursuit encore l’un de ses amis. « Julie est quelqu’un qui a toujours été à l’écoute, proche des autres, toujours prête à aider ». Ses deux téléphones restent désespérément muets depuis le 29 juin. « On tombe directement sur sa messagerie et aucun retour en accusé réception aux SMS envoyés ».
Le couple affichait une vie conjugale ordinaire et apparemment sans violence physique. « Des prises de bec comme partout, mais à ma connaissance, rien de méchant. Lui m’apparaissait un peu macho mais restait de contact très plaisant et plutôt ouvert au dialogue. Mais depuis la disparition, son comportement semble-t-il plutôt fermé, ne colle pas à l’image qu’on pouvait avoir de lui ». Les investigations se poursuivent et les policiers nancéiens ont fait de ce dossier une priorité. Mais pour l’heure, aucun signe de vie de la disparue et un corps qui reste introuvable.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/07/10/disparue-sans-un-bruit

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