vendredi 6 juin 2014

Pau : Alexandre Junca tué pour son téléphone ? Un cinquième homme arrêté

Christophe Camy, un Palois de 26 ans, ami de Mickaël Baehrel, a reconnu hier être à l’origine de l’agression du collégien. Son mobile : voler son portable.
Trois ans et un jour après la disparition d'Alexandre Junca, un nouveau rebondissement est intervenu, jeudi, dans cette affaire criminelle hors norme.
Un cinquième suspect, Christophe Camy, un Palois de 26 ans proche de Mickaël Baehrel, le meurtrier présumé, est à son tour passé aux aveux. Jusqu'alors, ce jeune homme sous curatelle suivi en psychiatrie depuis des années et déjà connu de la justice, était mis en examen pour « non-dénonciation de crime » et témoin assisté pour « assassinat de mineur de moins 15 ans, enlèvement et séquestration en bande organisée et atteinte à l'intégrité d'un cadavre ».
Depuis jeudi, il est également mis en examen de ces chefs criminels qui lui font encourir la réclusion à perpétuité, à l'instar des quatre autres principaux suspects dans ce dossier : Mickaël Baehrel, Fatima Ennajah, Mike Bonnet et Claude Ducos.
Point de départ des nouveaux soupçons pesant sur lui : les aveux réitérés de Baehrel, fin avril. Après de multiples revirements, le meurtrier présumé assure avoir été en compagnie de deux hommes au moment de l'agression de l'adolescent de 13 ans, dans la nuit du 4 au 5 juin 2011, à l'angle des rues Simian et de la République, dans le quartier des halles de Pau : Christian P., un marginal subitement décédé à l'été 2012, et Christophe Camy, l'une de ses connaissances.
Il accuse même ce dernier d'être à l'origine de l'agression du collégien qui rentrait à vélo chez son père, après avoir passé la soirée avec des camarades aux Fêtes de Saragosse. Réentendu quelques jours plus tard, Christophe Camy conteste en bloc, expliquant avoir passé la soirée avec des amis, rue du Gave, dans le quartier du 14 juillet, pour fêter son anniversaire.
Des témoins parlent enfin
Une version passée au crible par les enquêteurs de la PJ. Et qui présente des zones d'ombre ne permettant pas d'exclure sa présence aux halles. « Par recoupements téléphoniques, deux témoins qui savaient des choses mais gardaient le silence depuis le drame, ont pu être identifiés », précise le procureur Jean-Christophe Muller. Un jeune garçon aujourd'hui âgé de 20 ans - le meilleur ami de Camy à l'époque des faits -, et son père. Auditionnés par la PJ la semaine dernière, les deux hommes racontent que Camy leur a demandé de lui fournir un alibi pour la nuit des faits, leur a dit savoir ce qui s'était passé et connaître le meurtrier. Pourquoi s'être tu pendant tout ce temps ? Le père et son fils auraient cru à une énième histoire délirante, le garçon étant coutumier du fait.
Ces nouveaux éléments en main, la juge Lucile Pichenot délivre un mandat contre le Palois, interpellé mercredi soir à son domicile. Confronté aux déclarations des témoins, Camy finit par fendre l'armure dans le bureau de la magistrate, jeudi après-midi.
Il lui demande l'heure
« Selon ses dires, il est le premier à croiser Alexandre à vélo, devant la boulangerie de la rue de la République. Là, Camy l'arrête en lui demandant l'heure. Le collégien sort son téléphone portable que le mis en examen tente de lui arracher des mains. L'enfant résiste, Camy l'agrippe, le vélo tombe. Baehrel, qui est à deux pas de là, s'invite dans la bagarre et assène un violent coup de marteau au collégien. Camy assure s'être, à cet instant, enfui en courant », indique le procureur, reprenant la version du cinquième suspect.
Un simple vol de téléphone portable pourrait donc être le mobile de l'horrible crime qui a suivi. « Mon client reconnaît son implication dans cette affaire mais conteste avoir commis des violences sur Alexandre. S'il a gardé le silence pendant tout ce temps, c'est qu'il avait peur d'être accusé de complicité de meurtre. C'est un jeune homme qui souffre de troubles de la personnalité et fait l'objet de soins en psychiatrie, où il a déjà effectué plusieurs séjours », rappelle son avocate, Me Emmanuelle Legrand-Bogdan.
La carrure frêle, l'élocution difficile et le regard hagard, Christophe Camy a quitté le palais de justice en larmes et encadré de policiers, jeudi soir, vers 20 h 30. Direction la maison d'arrêt de Pau, où il a été incarcéré à l'issue du débat devant le juge des libertés et de la détention.

http://www.sudouest.fr/2014/06/06/un-cinquieme-homme-mis-en-examen-et-ecroue-1577034-4344.php

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