mercredi 30 avril 2014

Marseille : les raisons d'une guerre des gangs

Un nouveau mort sur le pavé marseillais. Cela s'est passé dans la nuit de lundi à mardi, vers 1 h du matin. Un homme de 30 ans, Karim Abla, a été pris pour cible par un ou plusieurs tueurs dans le hall du bâtiment H2 de la cité La Savine (15e). La victime a reçu six balles : trois dans la tête, deux au thorax, une dans le dos. Il a succombé à ses blessures sur place à 1 h 15. Il était déjà connu pour vol et infraction à la législation sur les stupéfiants. Un mort par semaine. La guerre des gangs a-t-elle repris ? Nous avons tenté de décrypter ses plus récentes évolutions.
Un cocktail explosif
Des dizaines d'équipes de cités se disputent un marché des stups juteux. Elles sont fragilisées par la police qui mène "approche globale" sur "approche globale", ce qui les oblige à s'adapter. D'où une frilosité accrue. Il leur faut se préserver de la police et de la concurrence, double contrainte majeure qui coûte cher en temps et en argent. Ajoutez 314 armes saisies depuis le 1er janvier dans les Bouches-du-Rhône. Parmi elles, 179 armes longues, dont 12 kalachnikovs - 6 à Marseille - et 135 armes de poing, et vous obtenez un cocktail explosif, qui favorise le passage à l'acte.
Des reprises de territoires
Pas facile de reconquérir un territoire perdu de cité à sa sortie de prison. Ou de le préserver depuis l'intérieur de la prison. Surtout avec une police qui multiplie les opérations et assure même ce qu'un commissaire de PJ appelle "le service après vente", soit le retour dans une cité après une première "descente".
Un gâteau très envié
350 000 personnes résident dans les quartiers nord de Marseille. Un réservoir important, où la surmédiatisation des règlements de comptes incite certains à tenter leur chance sur ce marché à espérance de vie limitée. On a saisi naguère 1,3 million d'euros en liquide à la Castellane (15e) et le chiffre d'affaires quotidien de la cité est d'environ 40 000 euros. De quoi susciter quelques convoitises. Les autres gros "plans stups" de Marseille ? Font-Vert (14e), les Cyprès (13e) ou Air-Bel (11e).
La diagonale de l'A7
Faut-il croire que les trafiquants de drogue en guerre aient désormais décidé de s'entre-tuer sur l'autoroute A-7 comme les deux derniers morts de Lançon (24 mars) et Plombières (14 avril). Les enquêteurs n'y croient pas trop. "Trop de risques", assure une source policière. On y voit plutôt une convergence de faits "conjoncturelle".
Mortelles sorties de prison
Règlement de comptes à la Busserine (24 avril) : la victime était sortie de prison en février. Les deux morts de l'A7 sortaient de la prison du Pontet (Vaucluse). Un autre a été abattu devant les Baumettes. Désir tenace de vengeance ?
Adieu les chefs à l'ancienne
En l'absence de "milieu" structuré, les vieilles têtes pensantes étant tombées, ce sont des équipes qui s'affrontent avec des dents plus ou moins longues. Adieu les figures tutélaires - Francis Le Belge ou Tony Zampa - et les plus charismatiques ont aussi succombé plus récemment à la mort subite: Farid Berrhama, Roland Gaben ou encore Souhel Hanna Elias.
Deux pistes ou une bavure
Pour les enquêteurs de la PJ, trois pistes se dessinent pour les morts de l’A7. Une possible "bavure", les deux hommes étant sortis le même jour de la même prison. Mais la police pense aussi qu’une même bande a pu exécuter les deux hommes selon le même mode opératoire. Ou une bande répliquer à l’autre de la même façon pour montrer sa capacité de riposte.

http://www.laprovence.com/article/actualites/2859405/marseille-les-raisons-dune-guerre-des-gangs.html

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