jeudi 20 mars 2014

Vol MH370: L'enquête se concentre sur le pilote et son simulateur de vol

Alors que l'avion de la Malaysia Airlines a disparu depuis maintenant plus de dix jours, la piste semble progressivement se resserrer autour du pilote et du copilote, tandis que l'appareil, recherché par 25 pays dans un périmètre de 7,7 millions de kilomètres carrés, demeure introuvable

Toujours infructueuse sur le terrain, l'enquête sur la disparition du Boeing 777 de la Malaysia Airlines semblait ce mercredi mettre hors de cause passagers et membres d'équipage même si le commandant de bord et son simulateur de vol ne laissent pas d'intriguer.
Le vol MH370 assurant la liaison Kuala Lumpur-Pékin avec 239 personnes à bord -dont deux tiers de Chinois- s'est volatilisé peu après son décollage le samedi 8 mars à 00h41 (17h41 à Paris vendredi). Le changement de cap et la désactivation apparemment délibérés des systèmes de communication de l'avion ont placé les pilotes au centre de l'enquête bien que les investigations menées jusqu'ici n'aient pas été probantes.

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Le ministre malaisien des Transports et de la Défense, Hishammuddin Hussein, a annoncé ce mercredi que l'examen du simulateur de vol grand public saisi au domicile du pilote avait révélé que «des données» avaient été effacées. «Des experts tentent de les récupérer», a-t-il ajouté lors de sa conférence de presse quotidienne, sans autre précision. Selon certains experts, il n'est pas inhabituel que des pilotes de ligne possèdent un simulateur chez eux.
Le ministre a par ailleurs indiqué que les vérifications réalisées par chacun des pays concernés autour du profil des 239 passagers et membres d'équipage n'avaient révélé «aucune information significative». Seules la Russie (un ressortissant) et l'Ukraine (deux ressortissants) n'ont pas transmis leurs conclusions. Des proches de passagers chinois furieux ont fait irruption ce mercredi dans la salle de presse peut avant les déclarations du ministre.

Ré-orientation des recherches

Les premières recherches après la disparition du Boeing ont été particulièrement laborieuses avec une avalanche d'informations contradictoires et des Etats peu enclins à partager leurs observations. Alors que des opérations étaient lancées le jour-même sur la trajectoire de l'avion, entre la Malaisie et le Vietnam, la Malaisie annonçait dès le lendemain qu'il avait probablement changé de cap après environ une heure de vol, en direction de l'ouest.
Cette thèse a depuis été confirmée et les recherches ont été réorientées. Elles s'étendent désormais, sur un axe nord-sud, de l'Asie centrale au sud de l'océan Indien, dans un périmètre de plus de 2,2 millions de km2, plus vaste que l'Australie.
La Malaisie a admis que ses radars militaires avaient bien identifié l'avion tout en expliquant qu'aucune mesure n'avait été prise car il ne semblait pas «hostile». Une faute potentiellement lourde de conséquences puisqu'aucune trace de l'avion n'a été repérée depuis et que sa boîte noire ne dispose que de 30 jours d'autonomie. Ce mercredi, la Thaïlande a elle aussi reconnu implicitement un ratage.
Ses radars ont montré que le samedi 8 mars«à 00h28 (1h28 en Malaisie), six minutes après la disparition du vol MH370 [après le dernier signal émis par le transpondeur], un appareil non identifié volait dans une direction sud-ouest» avant de faire cap au nord, a déclaré  un porte-parole de l'armée de l'Air, Monthon Suchookorn. Interrogé sur la raison pour laquelle ces éléments n'ont pas été divulgué plus tôt, il a expliqué que «l'appareil n'était pas dans l'espace aérien thaïlandais et n'était pas une menace pour la Thaïlande».

Défis multiples

«Aucun pays ne va révéler des informations montrant les limites de ses capacités» technologiques ou militaires, analyse Paul Yap, professeur d'aéronautique à l'université Temasek Polytechnic de Singapour. Prenant acte des «défis diplomatiques, techniques et logistiques» de l'opération, la Malaisie a décidé de déléguer une partie de son contrôle opérationnel.
L'Australie et l'Indonésie sont de ce fait chargées des recherches pour la zone sud, la Chine et le Kazakhstan pour la zone nord. Un pas dans la bonne direction qui ne résout pas tout. L'Indonésie a ainsi dû immobiliser cinq bâtiments de Marine dans le détroit de Malacca «dans l'attente d'information de la Malaisie ou d'ailleurs».
L'Inde a également suspendu ses recherches en mer Andaman. «Il ne nous revient pas d'agir de notre propre initiative. C'est une affaire qui regarde les gouvernements. Nous attendons les ordres», a indiqué une source au ministère indien de la Défense. Aux Maldives, des témoins ont rapporté avoir vu un gros porteur volant à basse altitude le jour de la disparition du vol MH370 mais les radars civils et militaires n'ont rien repéré.

Un changement de cap délibéré?
• Un vol prolongé? Vendredi, des médias américains ont révélé que l'avion aurait continué à communiquer automatiquement avec un satellite, en envoyant des signaux réguliers pendant six heures après l'extinction de sa disparition supposée, laissant penser qu'il aurait poursuivi sa route pendant ce laps de temps. Ce même jour, les Etats-Unis avaient indiqué que les deux systèmes de communication de l'avion avaient été coupés à quelques minutes d'intervalle, laissant croire à une extinction manuelle, nécessitant une intervention humaine.

• Un détournement? Ces informations, ajoutées au fait que l'appareil a changé plusieurs fois de direction et d'altitude après la perte de contact, et que le cap de l'avion aurait été
modifié sur l'ordinateur de bord, semblent accréditer la thèse d'une disparition délibérée, voire d'un détournement, bien que les autorités malaisiennes n'aient pas strictement confirmé cette piste. Outre-Atlantique, le président de la commission de Sécurité Intérieure à la Chambre des représentants américaine, Michael McCaul, a évoqué l'hypothèse de l'avion détourné et caché, pour servir plus tard de "missile de croisière".

• Une multitude de routes possibles. Le périmètre de recherches, jusque là limité à la mer de Chine méridionale et au détroit de Malacca, a donc été considérablement élargi, portant désormais sur 7,7 millions de kilomètres carrés (soit une zone plus vaste que l'Australie). Vingt-cinq pays sont impliqués dans les recherches. Les enquêteurs ont évoqué deux routes possibles: le corridor nord, passant au nord de la Thaïlande jusqu'au Kazakhstan et au Turkménistan, et le corridor sud, de l'Indonésie jusqu'au milieu de l'océan Indien. Mardi, la Chine a indiqué mener des recherches sur son propre territoire. Par ailleurs, le fait que les passagers disposant de téléphones portables n'ont pas contacté leurs proches, comme ce fut le cas lors des attentats du 11-Septembre, pourrait indiquer que l'avion volait soit très haut, soit au-dessus de l'eau, ou que les passagers étaient inconscients, en raison d'une possible dépressurisation de la cabine.

• Aperçu au-dessus des Maldives? Mardi, un site d'information local des Maldives a évoqué, en citant des témoignages, la possibilité que l'avion ait été vu en train de voler à basse altitude. Mais les forces armées des Maldives ont affirmé que les radars du pays n'avaient détecté
aucune trace du Boeing 777. Les données des radars civils des aéroports du pays ont également été "analysées" et n'ont montré "aucune indication du vol". De son côté, la Thaïlande a indiqué tardivement avoir repéré un "appareil non identifié" changeant plusieurs fois de direction, après l'heure de la disparition supposée de l'avion.

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