samedi 22 mars 2014

Merah aurait agi en lien direct avec Al-Qaïda pour commettre ses crimes

Un premier témoignage recueilli au Pakistan par les enquêteurs français évoque les liens et un «pacte» passé entre Mohammed Merah et un lieutenant de Ben Laden, dans les zones tribales du Waziristan.
L'hypothèse selon laquelle Mohammed Merah aurait été en contact avec des membres de la nébuleuse d'Al-Qaïda avant de perpétrer ses attentats terroristes à Toulouse et Montauban, entre le 11 et le 19 mars 2012, se précise. À la faveur d'un témoignage recueilli dernièrement par les enquêteurs français travaillant sur un autre jihadiste au Pakistan, il apparaît de plus en plus certain que le tueur au scooter a été en lien direct avec l'un des lieutenants de Ben Laden, Moez Garsallaoui, un belgo-tunisien tué en octobre 2012 par un tir de drone américain dans une zone tribale du Pakistan. Ce témoignage provient d'un Kazakh, Urynbasar Munatov, condamné pour terrorisme et qui aurait certifié aux enquêteurs avoir discuté, avec Garsallaoui, au sujet de l'apprenti jihadiste toulousain. Arrêté au Pakistan, Munatov est extrait de sa cellule le 4 décembre dernier dans le cadre d'une demande d'entraide judiciaire formulée par le parquet de Paris qui enquête sur un autre jihadiste. Lorsque les enquêteurs, au détour de l'audition, glissent une photo de Mohammed Merah, la réaction est immédiate. Munatov reconnaît le Toulousain sur le cliché et assure aux enquêteurs l'avoir vu chez Garsallaoui. «C'est lui-même qui me l'a montré, aurait-il dit. «Mouaz m'a dit qu'il s'appelait Muhammed Mira (sic), son deuxième prénom était Yussuf, il vivait aussi sur le territoire du Waziristan. Pendant un temps, il a vécu avec Mouaz à Miranshah.» Le terroriste explique avoir discuté du tueur au scooter avec le lieutenant de Ben Laden peu de temps après les tueries de Toulouse et Montauban. «D'après les dires de Mouaz, il avait une entente avec Yussuf : si Yussuf entreprenait des actions, Mouaz les prendrait à son compte, c'est-à-dire comme ayant été organisées et exécutées selon ses directives.» Si c'est le cas, Merah aurait alors agi sous l'estampille des chefs de Ben Laden. Des propos qui corroborent les déclarations formulées par Mohammed Merah au moment du siège de son appartement, entre le 21 et le 22 mars 2012 et où il révèle au négociateur, à travers sa porte, qu'il avait été en contact avec Al-Qaïda pour commettre ses crimes. À cette époque, difficile d'imaginer qu'un délinquant de cité de 23 ans, parlant mal l'arabe, pouvait approcher un lieutenant de Ben Laden. Au cours de l'enquête, rien ne permettait de confirmer encore cette thèse. Ces dernières révélations mettent un peu plus à mal la théorie du «loup solitaire» largement défendue par le patron de l a DCRI de l'époque, Bernard Squarcini, considérant que l'apprenti jihadiste s'était autoradicalisé. Bien au contraire, Merah aurait bénéficié de l'infrastructure logistique du Waziristan pour s'aguerrir. Enfin, ces révélations jettent un peu plus le trouble sur les services chargés de la surveillance de Merah qui n'ont pas su déceler la dangerosité de l'apprenti terroriste. Depuis janvier, une information judiciaire a été ouverte visant la DCRI pour «mise en danger de la vie d'autrui» et «non empêchement de crime.» Cette enquête fait suite à la plainte déposée en septembre par les parents d'Abel Chennouf, un des militaires tués le 15 mars 2012 à Montauban.

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