vendredi 8 novembre 2013

Ossements d'Antibes: "Le tueur habite ou fréquente les lieux"

Stéphane Bourgoin, 60 ans, écrivain, est l’un des meilleurs spécialistes mondiaux des tueurs en série. Un « profiler » à la française qui a formé les élites judicaires du pays et a déjà rencontré et interviewé 75 tueurs en série.
Pour Nice-Matin, il a accepté l’exercice périlleux d’analyser ce cas qu’il suit de près, mais sans avoir accès au dossier complet.
Que vous inspire cette affaire?
Elle me paraît totalement atypique. C’est l’une des plus insensées et des plus incroyables de ces dernières années.

Ces ossements, la signature d’un tueur en série?
Cela me paraît effectivement être l’œuvre de quelqu’un de très organisé. Avec une particularité. Un tueur qui s’en prend à des hommes et des femmes, c’est très rare.

Quel peut-être le profil de ce tueur?
À l’évidence, à l’époque où il commet ces crimes, ce n’est pas quelqu’un  de jeune. Pour être organisé ainsi, cela veut dire qu’il a mûri un fantasme, une organisation. Je dirais qu’il avait plutôt à l’époque une quarantaine d’années. Forcément il n’a pas d’antécédents psychiatriques. Il sera reconnu responsable de ses actes s’il est pris car cela ressemble à quelque chose de réfléchi.

Un tueur de pédophiles?
Peut-être, ça existe. Le personnage de la série Dexter était un véritable tueur en série de Miami, un flic avec lequel j’étais en correspondance, qui ne tuait que des trafiquants de drogue avec un rituel très bizarre. Ce qui est troublant dans cette affaire, si c’est un tueur de pédophiles, c’est que certains os appartiennent à des femmes. Il existe des femmes pédophiles mais c’est extrêmement rare.

Pour les victimes femmes, il pourrait s’agir d’un transfert. Une haine des femmes liée à un traumatisme.Quel type de traumatisme?
C’est quelqu’un qui a subi des abus physiques, psychologiques ou sexuels quand il était enfant. On retrouve cela dans 95% des tueurs en série

.Que nous apprend le lieu de la découverte?
Ce n’est pas un lieu facilement accessible.  J’y vois surtout une dimension qu’on qualifiera d’utilitaire. Je dirais que le tueur est forcément quelqu’un qui connaît les lieux. Soit parce qu’il y habite, soit parce qu’il les fréquente.

Comment le tueur vit-il la médiatisation actuelle?
De mon expérience avec les tueurs en série, ils n’ont nullement envie de se faire prendre comme le disent certains. Mais paradoxalement c’est aussi l’œuvre de leur vie. Le tueur doit suivre en ce moment de très près ce qui se dit sur lui dans la presse régionale, dans les médias, sur Internet.


http://www.nicematin.com/antibes/ossements-dantibes-le-tueur-habite-ou-frequente-les-lieux.1504578.html

Aucun commentaire: