jeudi 12 septembre 2013

Disparues de Perpignan : qui sont ces chiens pisteurs de cadavre ?

ECLAIRAGE - Des chiens spécialisés sont actuellement à Port-Leucate pour tenter de trouver une éventuelle trace d'Allison et Marie-Josée Benitez, disparue depuis le 14 juillet. Comment travaillent-ils sur le terrain ? Les explications du commandant du Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie.

Depuis trois jours, les policiers chargés d'élucider l'épais mystère des disparues de Perpignan  ont entamé des recherches dans le secteur de Port-Leucate. A leur côté, huit chiens spécialisés dans la recherche de cadavres. Tous viennent du Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie, situé à Gramat, dans le Lot. "Nous avons différentes races de chiens qui, en fonction des qualités particulières liées à leur race, sont formés à détecter des traces de cadavre, de sang, d'explosifs, de drogue ou encore d'argent", explique à MYTF1News, le lieutenant-colonel Christian Arbiol, commandant du CNICG.

A Port-Leucate, ce sont des Springers et des Bergers belges malinois qui sont entrés en action. Depuis trois jours, ils flairent tous azimuts le secteur pour tenter de trouver la moindre odeur de cadavre. Particularité : ils sont munis de chaussons. "Nous mettons des chaussons aux chiens dans deux types de circonstances, explique le commandant. Soit parce que la zone de recherche est dangereuse avec la présence par exemple de résidus chauds d'incendie ou des morceaux de verre. Soit pour de ne pas polluer la scène du crime".

Capable de détecter des cadavres même au bout de plusieurs années
Mais comment peut-on retrouver d'éventuelles "odeurs" de cadavre près de deux mois après la disparition effective d'Allison et Marie-Josée, dans un secteur situé à l'air libre et donc soumis aux intempéries ? "Ces chiens peuvent travailler sur des odeurs vraiment infimes. Et dans ce domaine spécifique qu'est la recherche de cadavre, s'il reste un peu de matière, ces chiens sont en mesure de les détecter même plusieurs années après", explique le commandant. C'est grâce au flair hors pair de ces chiens, par exemple, que les enquêteurs ont pu retrouver sous une digue, enfoui à plusieurs mètres de profondeur, le corps démembré d'Alexandre Junka, un adolescent de 13 ans disparu à Pau en 2011. C'est également ces chiens qui ont été sollicités pour retrouver la jeune Laetitia Perrais, dans les environs de Pornic, la même année.

Le choix de la race de chien se fait aussi en fonction de la capacité de restitution de lecture de l'animal. "Il y a des choses que certains types de chiens vont savoir mieux expliquer que d'autres à leur maître lorsqu'ils marquent sur le terrain". "Ainsi, en fonction du dressage qu'ils ont reçu, les Springers et Bergers belges malinois vont gratter la zone où ils ont détecté l'odeur recherchée ou bien se coucher dessus et regarder leur maître d'une façon qui ne laisse pas de place au doute", détaille Christian Arbiol.

Le Saint-Hubert, pisteur hors pair pour les personnes vivantes
En revanche, lorsque les enquêteurs sont à la recherche d'une personne vivante portée disparue, ce sont toujours des Saint-Hubert qui sont envoyés. "Les Saint-Huberts sont des pisteurs, explique le commandant. Ils sont capables de repérer la trace de personnes jusqu'à 96h voire plus après leur passage, puis d'indiquer dans quelle direction elle a poursuivi sa route". Ce sont ainsi des Saint-Hubert qui ont retrouvé sain et sauf fin juillet, des jumeaux de trois ans qui avaient disparu dans la nature dans un hameau en Corse-de-Sud. Ce sont également eux qui aident les secours en montagne lorsqu'il y a des avalanches.

Quant aux techniques utilisées pour dresser tous ces chiens, le commandant se fait plus taiseux : "D'abord, il faut bien comprendre que le chien n'est pas une science exacte. Ensuite, nous ne souhaitons pas divulguer des techniques qui pourraient donner des idées à des personnes mal intentionnées". Seul indice concret donné : "le dressage se fait toujours par des jeux". Une dizaine de chiens spécialisés de la gendarmerie sont en permanence opérationnels. Ils sont sollicités au moins une fois par semaine sur le terrain par les enquêteurs.
 

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