samedi 8 juin 2013

« Non, la mort de notre fille n'est pas un accident »

LE corps sans vie d'Aurélie Didi, 20 ans, a été retrouvé dans une voiture immergée dans la Marne, derrière les locaux de la RTA, à Brasles, le 27 août dernier, trois jours après sa disparition. Une semaine plus tard, un jeune de 23 ans, du Val-de-Marne, s'était livré à la gendarmerie, assurant qu'il s'agissait d'un accident. Mis en examen pour viol et meurtre, il avait été incarcéré avant d'être remis en liberté, sous contrôle judiciaire, au bout d'un mois.
Investigations difficiles
Depuis : rien, plus de nouvelles. Ils ne veulent pas que la mort de leur enfant tombe dans l'oubli. Hélène et Guillaume Didi ne croient pas à la thèse de l'accident et veulent que toutes les investigations soient menées pour éclaircir les nombreuses zones d'ombre entourant les dernières heures de leur fille. « On est dans le néant le plus total. On reproche à la justice d'avoir requalifié l'affaire : de meurtre et de viol, on parle maintenant d'accident, explique le papa. Ma fille n'est pas morte toute seule. Il l'a abandonnée dans l'eau, il n'a pas prévenu les secours. Je ne crois pas à l'accident. » Une conviction enracinée au lendemain de la découverte macabre, il y a de cela neuf mois.
« D'autant que l'autopsie a révélé des violences sexuelles et indiquait qu'elle n'était pas morte noyée », explique Me Cyrille Bouchaillou, l'avocat des parents.
Alors, comment expliquer le revirement de la justice ? « Ce n'est pas compréhensible à ce stade, tranche l'avocat laonnois. En général, le juge mène toutes les investigations avant de requalifier éventuellement. Là, je crains qu'on ne puisse jamais aller au bout de l'enquête. Pour ne rien arranger, le dossier est complexe. Le corps est resté trois jours dans l'eau rendant les investigations techniques et scientifiques très difficiles. D'autres analyses tendent ainsi à démontrer que finalement Aurélie serait morte noyée. On ne sait pas non plus si elle se trouvait dans le coffre de la Twingo, sur le siège avant passager ou bien même à la place du conducteur. On peut tout imaginer en l'état : qu'une personne ait pu aider le mis en cause notamment en poussant la voiture dans l'eau. »
Nombreuses incertitudes
Le comportement de ce jeune en question contribue à semer le doute : « Des témoins le croisent alors qu'il quitte les lieux : il est d'une froideur incroyable. Il ne donne pas l'alerte. »
Les nombreuses incertitudes et le manque criant d'information sur l'instruction en cours ajoutent un poids à la peine et à la douleur ressenties. Hélène et Guillaume Didi souhaitent être reçus par le juge d'Instruction. « Elle ne serait jamais montée dans la voiture d'un inconnu ! Encore moins qu'il lui apprenne à conduire, à six heures du matin ! Et surtout dans un lieu quasi impraticable en voiture ! Notre fille était pleine de vie, elle cherchait sa voie. On lui a ôté la vie. Ça a anéanti notre famille. On ne peut pas faire notre deuil tant que l'on ne sera pas précisément ce qui s'est passé. »

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/non-la-mort-de-notre-fille-nest-pas-un-accident

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