mardi 5 février 2013

TGV pris d'assaut à Marseille : huit jeunes présentés à un juge

Les huit des jeunes qui avaient forcé un TGV à s'arrêter pour tourner un clip de rap samedi près de Marseille vont être présentés à un juge. Il risque jusqu'à sept ans de prison.
Le groupe comportait plusieurs dizaines de jeunes. Mais ce sont huit personnes - dont quatre mineurs - interpellées samedi après avoir bloqué un TGV à Marseille qui vont être présentées à un juge ce lundi et devraient être mis en examen à l'issue de leur garde à vue. "Le plus jeune a 13 ans et demi et le plus âgé 36 ans", a affirmé lors d'une conférence de presse le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest. Ils sont soupçonnés d'avoir effrayé samedi quelque 150 voyageurs et retardé des trains, en tentant de monter à bord d'un TGV à proximité de la cité Air Bel dans le XIe arrondissement.
Ceux ci ont tenté de monter à bord avant de s'enfuir dans la cité à l'arrivée de la police, qui a essuyé des jets de pierres mais a pu interpeller dix d'entre eux. Les individus interpellés, dont environ la moitié est mineure, ont évoqué le tournage d'"un clip de rap" pour expliquer leur attitude, selon une source proche de l'enquête.
Ils voulaient tourner un clip de rap. Parmi les suspects déférés au parquet figure un majeur qui a filmé toute la scène, dans un souci "esthétique, artistique", a ajouté le procureur, qui évoque un acte "prémédité" d'arrêt du TGV de tout un "groupement" afin de "danser autour du train" pour tourner un clip de rap, sans "intention avérée de vol" des passagers. Une information judiciaire va être ouverte, afin de cibler ces huit personnes, ainsi que toutes "celles qui pourraient être impliquées", dans cette "sombre affaire qui a suscité une émotion certaine", a précisé le magistrat. La Sûreté départementale, en charge de l'enquête, doit désormais trouver les "instigateurs" du projet.
"On a eu peur". Aucun des jeunes gens impliqués n'était entré dans une voiture de passagers, dont les portes étaient verrouillées. La scène a été filmée à la fois par un assaillant et des passagers. "Bien sûr on a eu peur, on a eu de la chance qu'ils n'arrivent pas à entrer", avait raconté une voyageuse. Reparti vers 16 heures, en direction de Toulon, le train était arrivé à Nice avec deux heures de retard, vers 18h30.
Far West, attaque de diligence, piraterie ferroviaire: les termes utilisés pour décrire l'événement intervenu samedi en début d'après-midi à proximité de la cité Air Bel de Marseille attestent de son caractère hors du commun. Le TGV venait de quitter la gare Saint-Charles à Marseille en direction de Hyères (Var) et Nice, quand des torches allumées sur les voies ont forcé le conducteur à s'arrêter près de cette cité classée en Zone de sécurité prioritaire.
Ce qu'ils risquent. Le parquet n'a pas requis de mandat de dépôt à leur encontre, mais un placement sous contrôle judiciaire, en attendant leur prochaine convocation devant un tribunal correctionnel pour les majeurs, ou un tribunal pour enfants pour les mineurs. Six chefs de poursuite ont été retenus à l'encontre de ces huit personnes,  qui encourent jusqu'à sept ans de prison. Parmi les dix, six sont connues des services de police pour des faits de petite délinquance. Jean-Paul Bonnetain, préfet de police des Bouches-du-Rhône, a évoqué quant à lui un acte "grave": "les faits dépassent clairement leur projet" de clip, a-t-il affirmé, ajoutant qu'on ne pouvait "impunément perturber le trafic ferroviaire". "On ne veut pas faire d'exemple, les faits suffisent", a souligné M. Bonnetain, estimant que ces jeunes étaient "dans l'absence de repères, de  perception des conséquences" de leurs actes.
Un acte qui "dépasse l'entendement."Manuel Valls a rendu hommage aux policiers qui sont rapidement intervenus pour protéger les passagers et le personnel de la SNCF" selon un communiqué du ministère de l'Intérieur transmis dimanche à l'AFP. "Contraindre un train à s'arrêter d'urgence, semer la panique parmi les voyageurs, caillasser les forces de l'ordre sont des actes inacceptables", a-t-on indiqué au ministère.
L'événement relance également le débat sur les Zones de sécurité prioritaires (ZSP), parmi lesquelles figure la cité Air Bel. "Cet incident démontre que j'ai eu raison d'insister auprès du Premier Ministre et du Ministre de l'Intérieur pour classer la vallée de l'Huveaune en Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP)", a réagi le sénateur-maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, déplorant toutefois que "malgré les promesses du gouvernement, le nouveau dispositif amorcé ne donne pas de meilleurs résultats

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