mercredi 30 janvier 2013

"Cold case" en Picardie: 10 ans après le meurtre, le juge rouvre le dossier

Un juge d'instruction a lancé mercredi un appel à témoins pour tenter de "faire émerger des faits nouveaux" dans l'enquête sur l'assassinat, jamais élucidé, d'un homme retrouvé criblé de balles, près d'Amiens.
Le 11 janvier 2004, le corps de Francis Morel, musicien libéral de 58 ans, est retrouvé par un garde-chasse sur un chemin rural à Boves (Somme), près d'Amiens. Le cadavre porte plusieurs impacts de balles, tout comme la fourgonnette retrouvée à proximité. Depuis, l'enquête est restée en suspens. Malgré des "investigations poussées (...) aucune piste n'a abouti" et le dossier est "en voie d'être clôturé", explique Alexis Mihman, juge d'instruction à Amiens.

D'où l'idée du magistrat de lancer un appel à témoin, près de 10 ans après. "On est proche de ce qu'on appelle aux Etats-Unis un cold-case, une affaire criminelle qui n'a pas été résolue et qui était vraiment en fin de vie", explique le juge, qui va par ailleurs ordonner des "investigations complémentaires". "Je trouvais qu'il restait un certain nombre de pistes à fermer, malgré le travail accompli", affirme-t-il.

Le juge ne part pas de zéro : quelques jours avant sa mort, le père de famille avait annoncé à son épouse qu'il souhaitait une séparation. Musicien libéral, il était en parallèle représentant de commerce pour des produits phytosanitaires. Les enquêteurs ont exploré "la piste du cercle familial, la piste du crime homophobe parce que (...) l'endroit était connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, ainsi que la piste du milieu professionnel (...) et celle des tireurs sportifs", rappelle le magistrat. Et pour cause : les balles utilisées pour le meurtre, des Wadcutter calibre 38, sont habituellement utilisées pour le tir sportif. 150 tireurs sportifs de la région avaient d'ailleurs été convoqués pendant l'enquête, sans résultat.
L'auteur s'est peut-etre confié à un proche
Mais Alexis Mihman croit en sa démarche : "Il est possible que dix ans après les faits, une personne qui aurait eu des confidences accepte de communiquer des informations pour des raisons qui lui appartiennent", selon le juge. "Il est très probable que l'auteur (du crime) se soit confié à un tiers, où qu'une personne ait constaté quelque chose et n'ait pas pu être identifiée par les policiers ou n'ait pas souhaité parler", estime encore le magistrat.

Il est rare qu'un juge d'instruction lance lui-même ce type d'appel à témoins, souvent délégué à la police par commission rogatoire. Mais le juge "reste le premier enquêteur du dossier", rappelle Alexis Mihman, qui a pris son poste en septembre et voulait donner "un caractère plus solennel" à l'appel. Une ligne téléphonique et une adresse électronique ont été mises en place: 06 69 45 87 22 ou appel-temoin.affaire-morel@justice.fr

Aucun commentaire: