mardi 20 novembre 2012

Comment les barons de la drogue sont tombés

Les gendarmes bouclent une enquête sur des spécialistes du go fast. Ils livraient à Brest comme à Marseille ou Agen… Dix-sept personnes ont été interpellées, onze dorment en prison.
Les valises marocaines, déchirées, découpées, couvertes de plastic noir et estampillées «Pièce à conviction» ne ressemblent plus aux ballots d'origine, pourtant, le produit est le même : 1443 kilos de résine de cannabis promis à un incinérateur. Ce mercredi, le lieu était secret, l'opération discrète. Pas question de courir le moindre risque. «Il y a plus de 4,3 millions d'euros de marchandise au prix d'achat, le double voir le triple à la revente», prévient un officier de la section recherches de la gendarmerie de Toulouse.
Cette destruction marque une étape importante après 20 mois d'investigation. Ce mercredi, un énième suspect, en principe le dernier, a été arrêté à Agen. Il est soupçonné d'avoir fourni de l'aide, un box notamment, à une bande ultra-spécialisée. Ces individus, mis en examen par la juge d'instruction Valérie Noël de la Jirs de Bordeaux (Juridiction interrégionale spécialisée) sont accusés d'avoir fait transiter deux tonnes de haschich entre le sud de l'Espagne et la France.
Leur traque a commencé presque par hasard, le 10 mars 2010 en Tarn-et-Garonne, à Saint-Paul-d'Espis. Cet après-midi-là, un gendarme réputé pour «son flair» a repéré une Mercedes immatriculée en Allemagne. Elle roulait vite. Les gendarmes ont voulu en avoir le cœur net, la voiture a encore accéléré, avant de finir dans le fossé. Le conducteur en fuite a été rattrapé dans une ferme abandonnée. Les militaires pensaient «serrer» un voleur de voiture, c'était le chauffeur d'une sacrée cargaison : 743 kg de cannabis.

Flag au cœur des Pyrénées

Un premier fil que les gendarmes du groupe Stups de la section recherches, avec la collaboration des brigades des recherches du Tarn-et-Garonne mais également des SR d'Agen et Pau, ont patiemment tiré.
D'abord en suivant la piste de la voiture, «achetée volée» en Allemagne, à Mulhouse notamment où la sûreté départementale du Haut-Rhin avait déjà saisi 500 kg de «H».
Les informations des policiers, croisées avec celles des gendarmes, vont aboutir sur une équipe à tiroir, peu à peu identifiée avec son chef, ses lieutenants et ses petites mains.
Après une première interception ratée faute d'un itinéraire changé au dernier moment par les trafiquants, le filet s'est refermé dans la descente du col du Pourtalet, au-dessus de Pau le 10 mars 2012. Le GIGN et les enquêteurs de la SR attendaient depuis dix jours. Dans la voiture, ils ont trouvé 700 kg de résine et une Kalachnikov, dans la «suiveuse», un pistolet automatique et celui que l'enquête considère comme le Boss, 35 ans.
Depuis, ses «petites mains» et ses lieutenants sont tombés les uns après les autres, 17 arrestations, 11 suspects actuellement incarcérés. Outre l'importation de stupéfiants, on leur reproche aussi des vols de voitures destinées à transporter la drogue. Une affaire qui devrait se solder devant la cour d'assises spéciales.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/11/19/1492718-comment-les-barons-de-la-drogue-sont-tombes.html

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