Tout s'est passé samedi, vers midi. Le trafic routier était
alors très important à Pont-Saint-Esprit, sur la
route des vacances. Une famille danoise de passage en France (les grands-parents
et deux petits-enfants) traversait alors le centre-ville. Or, c'est en plein
centre-ville que se situe le fameux passage à niveau. Au moment de traverser la
voie ferrée, le véhicule de location de la famille s'est retrouvé bloqué par un
embouteillage... sur les voies. Impossible d'avancer. Et apparemment, impossible
aussi de reculer : les véhicules qui se trouvaient juste derrière la voiture des
Danois ont d'ailleurs eux aussi été impliqués dans l'accident. Dès lors, au
moment où le signal sonore a retenti et où les barrières se sont abaissées, le
pire devenait inévitable : le train de marchandises qui s'est présenté ne
pouvait, lui non plus, rien faire pour éviter les voitures bloquées sur les
voies. Bilan : deux morts. Le grand-père, au volant de la voiture, a été tué sur
le coup. Son petit-fils, 11 ans, présent lors du choc sur le siège passager à
l'avant, grièvement atteint et transporté par hélicoptère au CHU de Montpellier,
a fini par succomber à ses blessures. La grand-mère et une fillette de huit ans
présentes à l'arrière de la voiture sont indemnes, mais choquées. Neuf autres
personnes, plus légèrement blessées, ont hospitalisées à Bagnols-sur-Cèze. Deux
autres voitures, elles aussi bloquées derrière le véhicule des Danois, ont
également été touchées.
Des opérations longues
Le conducteur a-t-il commis une faute en s'engageant sans
s'assurer qu'il avait une marge suffisante pour passer ? C'est l'argument de la
SNCF. Et ce qu'indique, théoriquement, le code de la route. Le maire de Pont-Saint-Esprit, pour sa part, avance des chiffres de
trafic qui, à ses yeux, rendent illusoire une telle recommandation de sécurité :
en période estivale, ce passage à niveau peut voir défiler 17.000 véhicules dans
la journée. Et l'élu rappelle que ce passage à niveau est reconnu, depuis des
années, comme l'un des plus dangereux en France. Il demande une nouvelle fois à
la SNCF de prendre des mesures et d'aménager un passage souterrain ou un pont.
Une demande qu'il avait déjà faite il y a quelques années après un drame
similaire, sans résultat.
Il est vrai que la SNCF a déjà lancé, depuis plus d'une
décennie, la rénovation de tous ces passages dangereux. Plusieurs centaines
d'entre eux ont déjà été supprimés et transformés en ponts ou en tunnels. Mais
de telles opérations prennent du temps : de quatre à six ans en moyenne. Avec, à
chaque fois, un coût de plusieurs millions d'euros. En attendant, des efforts
peuvent être faits sur la signalisation. Jacques Robin, membre du Conseil
d'administration de la Ligue contre la violence routière et ancien chef du
département sécurité-voirie au Centre d'Etudes sur les réseaux, les transports,
l'urbanisme et les constructions publiques (Certu) du ministère des Transports,
suggérait ainsi en 2009, après plusieurs accidents du même type, de remplacer le
feu clignotant des passages à niveau par des feux tricolores, mieux respectés
par les automobilistes. Mais une telle mesure aurait-elle suffi à éviter
l'accident de Pont-Saint-Esprit ?
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