dimanche 22 juillet 2012

Gard : le drame qui relance le débat sur les passages à niveau

La SNCF refuse d'assumer la responsabilité du drame : si l'enquête devait établir que les barrières du passage à niveau étaient bien abaissées (ce qu'ont déjà dit de nombreux témoins), alors, pour la compagnie ferroviaire, aucun dysfonctionnement ne pourrait lui être imputable. Et la seule responsabilité reviendrait... au conducteur, coupable d'avoir engagé son véhicule sur la voie ferrée. Mais pour les témoins de l'accident de Pont-Saint-Esprit, tout comme pour les autorités de cette localité du Gard, la SNCF peut et doit faire quelque chose pour éviter de nouveaux drames.
Tout s'est passé samedi, vers midi. Le trafic routier était alors très important à Pont-Saint-Esprit, sur la route des vacances. Une famille danoise de passage en France (les grands-parents et deux petits-enfants) traversait alors le centre-ville. Or, c'est en plein centre-ville que se situe le fameux passage à niveau. Au moment de traverser la voie ferrée, le véhicule de location de la famille s'est retrouvé bloqué par un embouteillage... sur les voies. Impossible d'avancer. Et apparemment, impossible aussi de reculer : les véhicules qui se trouvaient juste derrière la voiture des Danois ont d'ailleurs eux aussi été impliqués dans l'accident. Dès lors, au moment où le signal sonore a retenti et où les barrières se sont abaissées, le pire devenait inévitable : le train de marchandises qui s'est présenté ne pouvait, lui non plus, rien faire pour éviter les voitures bloquées sur les voies. Bilan : deux morts. Le grand-père, au volant de la voiture, a été tué sur le coup. Son petit-fils, 11 ans, présent lors du choc sur le siège passager à l'avant, grièvement atteint et transporté par hélicoptère au CHU de Montpellier, a fini par succomber à ses blessures. La grand-mère et une fillette de huit ans présentes à l'arrière de la voiture sont indemnes, mais choquées. Neuf autres personnes, plus légèrement blessées, ont hospitalisées à Bagnols-sur-Cèze. Deux autres voitures, elles aussi bloquées derrière le véhicule des Danois, ont également été touchées.

Des opérations longues

Le conducteur a-t-il commis une faute en s'engageant sans s'assurer qu'il avait une marge suffisante pour passer ? C'est l'argument de la SNCF. Et ce qu'indique, théoriquement, le code de la route. Le maire de Pont-Saint-Esprit, pour sa part, avance des chiffres de trafic qui, à ses yeux, rendent illusoire une telle recommandation de sécurité : en période estivale, ce passage à niveau peut voir défiler 17.000 véhicules dans la journée. Et l'élu rappelle que ce passage à niveau est reconnu, depuis des années, comme l'un des plus dangereux en France. Il demande une nouvelle fois à la SNCF de prendre des mesures et d'aménager un passage souterrain ou un pont. Une demande qu'il avait déjà faite il y a quelques années après un drame similaire, sans résultat.

Il est vrai que la SNCF a déjà lancé, depuis plus d'une décennie, la rénovation de tous ces passages dangereux. Plusieurs centaines d'entre eux ont déjà été supprimés et transformés en ponts ou en tunnels. Mais de telles opérations prennent du temps : de quatre à six ans en moyenne. Avec, à chaque fois, un coût de plusieurs millions d'euros. En attendant, des efforts peuvent être faits sur la signalisation. Jacques Robin, membre du Conseil d'administration de la Ligue contre la violence routière et ancien chef du département sécurité-voirie au Centre d'Etudes sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques (Certu) du ministère des Transports, suggérait ainsi en 2009, après plusieurs accidents du même type, de remplacer le feu clignotant des passages à niveau par des feux tricolores, mieux respectés par les automobilistes. Mais une telle mesure aurait-elle suffi à éviter l'accident de Pont-Saint-Esprit ?

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