Soirée entre lycéens, vendredi dernier, sur les bords de Saône. Quatre adolescents, âgés de 15 et 16 ans, se retrouvent pour fêter la fin de l’année scolaire, façon potache. Quai Tilsitt, Lyon 2 e, les voilà en train de brûler leurs carnets de notes, les dernières interros de maths.
Ces fils de bonnes familles se baignent aussi dans la Saône. Effet de groupe ? Un des adolescents se prend de vouloir se distinguer, de vraiment marquer le coup pour cette fin d’année. Pour s’en souvenir, ils s’en souviendront. Une jeune femme aussi.
L’idée lui vient soudainement : « Mettre quelqu’un à l’eau ». Il voit passer une jeune joggeuse le long du quai.
Quand elle revient, l’ado passe à l’acte : il la pousse au niveau des épaules. La jeune femme bascule dans l’eau. « T’es con ou quoi ? » Les trois camarades sont interloqués.
Leur premier réflexe à tous : prendre la fuite en courant, sans se retourner, sans se soucier de la jeune femme tombée dans la rivière. Elle parvient à regagner la rive, seule. Âgée de 17 ans, étudiante qui vit chez sa sœur, elle dira aux policiers : « J’ai eu peur de me noyer, de ne pas pouvoir m’accrocher au bord. » Aidée par sa sœur, elle revient sur les lieux, ramasse le tas de papiers brûlés laissés dans le sillage des lycéens.
Ce qui fourni aux policiers des éléments déterminants. Sur un bout de carnet de note, un nom met les enquêteurs du commissariat sur la piste. Un adolescent est contacté.
Ils se concertent probablement. Et voilà l’équipe au complet qui se rend mercredi au commissariat. Des lycéens sans problème apparent, plutôt bons élèves dans le même établissement du secteur, fils de fonctionnaire ou d’avocat, placés face à leurs responsabilités, face à leur comportement.
Placés en garde à vue pour commencer. Avec auditions et confrontation en présence de la victime. Avec des parents qui tombent des nues, qui cherchent à comprendre et qui s’apprêtent à de sérieuses discussions en famille. Les quatre adolescents ont été présentés hier à un juge des enfants, mis en examen pour « violences volontaires en réunion » pour l’un et « non assistance à personne en péril » pour les trois autres.
« J’ai l’impression qu’on a voulu leur infliger une nuit de garde à vue pour l’exemple, il était terrorisé » tempête Philippe Bontems, avocat d’un adolescent.
Le parquet assume pleinement le traitement judiciaire de l’affaire : « Ce geste et leur comportement auraient pu avoir des conséquences très graves, il faut espérer qu’ils en prennent conscience », confie un magistrat.
http://www.leprogres.fr/rhone/2012/06/15/une-joggeuse-poussee-dans-la-saone-quatre-mineurs-en-examen
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