vendredi 27 avril 2012

Le mystère du corps dans la valise reste entier

Le 13 juillet 2011, le corps d'un homme était retrouvé dans une valise, à l'entrée de la rade de Lorient. Si de nombreuses pièces manquent au puzzle, certaines ont été dévoilées. Le point.
Sur les faits
Le 13 juillet 2011, peu avant midi. À l'entrée de la rade, au niveau de la citadelle de Port-Louis, deux plaisanciers revenant de pêche croisent la route d'un objet flottant, qui attire leur attention. C'est une valise.
Ils l'entrouvrent et laissent s'échapper une vision d'horreur : l'un des marins se rappellera avoir aperçu des «morceaux de chair humaine». Il s'agit en fait d'un corps entier, pieds et poings liés, qui a été placé dans une valise d'une contenance de 132 litres. Le visage est recouvert de ruban adhésif.

Sur l'enquête
Le corps est repêché par la gendarmerie maritime. Il ne porte pas de traces de blessures ou de coups. L'autopsie va conclure à «une mort par asphyxie mécanique à la suite de l'intervention d'un tiers». Le 22 juillet, le parquet de
Lorient ouvre une information judiciaire pour «séquestration et assassinat». Une quinzaine de gendarmes maritimes, regroupés sous une cellule d'investigation, explorent toutes les pistes qui s'ouvrent à eux.
En France, et à l'étranger : les relais d'Interpol sont contactés. En vain. Aucune disparition inquiétante pouvant correspondre au corps repêché n'a, jusqu'ici, été signalée. L'inconnu n'est pas répertorié sur un fichier ADN ou aux empreintes digitales. L'homme, «de type méditerranéen ou caucasien», pourrait être originaire des pays de l'Europe de l'Est ou du Sud.
«En France, personne ne l'a réclamé. Il aurait dû manquer à quelqu'un», explique Christine Le Crom, procureur adjoint à
Lorient. Pas de signalement de disparition d'un employeur. Pas plus d'appel d'un particulier. Pas de factures impayées. Rien. À l'étranger, de nombreux pays ont répondu à l'appel des enquêteurs. Mais pas tous : la section de recherches de la gendarmerie attend toujours des réponses de quelques pays de l'ex-bloc soviétique...

Sur le mode opératoire
L'homme est mort étouffé. Le ruban adhésif a obstrué ses voies respiratoires. Le corps a ensuite été plié avant la rigidité cadavérique, et placé dans la valise. Le ou les meurtriers l'ont jeté depuis la côte. Sans doute dans le secteur. Elle n'aurait pas dérivé beaucoup. «La valise a été immergée dans l'eau au moins un mois», confirme aujourd'hui Christine Le Crom. La malle était lestée. Ce sont les bouts qui ont finalement lâché, ce qui a permis à l'objet de remonter vers la surface, porté par les gaz de décomposition du corps. Le mode opératoire, très professionnel, peut laisser à penser que l'homme aurait été victime du crime organisé. Une hypothèse que le parquet de
Lorient se refuse néanmoins à confirmer.

Sur la description du corps
Une reconstitution faciale, effectuée par l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, a permis de donner un visage au disparu. On sait que l'homme est de type méditerranéen, aux cheveux noirs, âgé de 36 à 56 ans. La probabilité serait de 45 ans. Il mesure 1,79 m, et est de corpulence «moyenne». Il chausse du 40. Aucun soin dentaire n'a été relevé, ce qui peut paraître surprenant. Il ne présente pas non plus de cicatrice, ni de tatouage. Il n'a pas subi d'appendicectomie. Le pubis, les aisselles et les cuisses sont rasés.
Une clé de marque Vachette, dont le numéro de série est le 3M8PL, a également été retrouvée sur lui. Une clé hautement sécurisée, d'une valeur approximative de 400 €. Fabriquée en France, elle ne sert pas à fermer un abri de jardin...

Sur l'appel à témoins
Dans le cadre de l'instruction ouverte par le tribunal de grande instance de
Lorient, un appel à témoins a été diffusé le mois dernier. Pour le moment, les appels reçus n'ont pas permis aux enquêteurs d'ouvrir de nouvelles pistes intéressantes. Malgré les mois qui défilent, le parquet ne se décourage pas : «On n'est pas dans une impasse, il y a des investigations en cours... Mais c'est compliqué». L'espoir : «Que quelqu'un se manifeste. Sachant que, pour ce type d'affaires, nous avons la possibilité derecueillir des témoignages sous X».

En cas de renseignements pouvant permettre d'identifier la victime, appeler la section de recherches de la gendarmerie maritime, détachement de Brest, entre 8 h et 20 h, 7/7 jours, au 02.98.22.80.80.


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