vendredi 23 mars 2012

Mort de Merah : le fondateur du GIGN critique le Raid

Au lendemain de la mort de Mohamed Merah, Christian Prouteau, fondateur du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, critique vertement dans Ouest France l'opération du Raid à Toulouse, "menée sans schéma tactique précis". Et de s'interroger : "Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ? Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène", assure-t-il. "Il n'aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tour de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l'a incité à continuer sa guerre."
"En fait, je pense que cette opération a été menée sans schéma tactique précis. C'est bien là le problème", assène Christian Prouteau. Celui qui a également été le créateur en 1983 du Groupe de sécurité de la présidence de la République (aujourd'hui dissous après avoir été en fonction sous François Mitterrand et Jacques Chirac), estime qu'un autre type d'intervention était possible. "On aurait pu lui tendre une souricière", explique-t-il. "Attendre qu'il sorte et le coincer. Cela peut paraître présomptueux", ajoute-t-il, "mais, en soixante-quatre opérations menées par le GIGN sous mon commandement, il n'y a pas eu un mort."

Un appartement transformé en "zone de combat"

Face aux questions soulevées par cette intervention, le patron du Raid, Amaury de Hauteclocque, répond pour sa part dans un entretien publié sur le site internet du Monde. "C'est la première fois de ma vie que je vois quelqu'un, alors que nous lançons un assaut, venir mener l'assaut contre nous", raconte le chef de l'unité d'intervention d'élite de la police, en expliquant que Mohamed Merah "attendait dans une posture de combattant, avec une détermination sans faille".

Dans l'appartement où il était assiégé depuis mercredi matin, "nous avions une idée très précise de l'endroit où il était, mais cette idée devait être corroborée", précise-t-il. "C'est la raison pour laquelle nous avons progressé très prudemment dans l'appartement. Mais il est venu à l'engagement contre nous avec trois Colt 45 de calibre 11,43 alors que nous avions alors engagé uniquement des armes non-létales", affirme le chef du Raid, dont 15 hommes ont participé à l'attaque de l'appartement, et 60 à toute l'opération. "J'avais donné l'ordre de ne riposter qu'avec des grenades susceptibles de le choquer. Mais il a progressé dans l'appartement, et il a tenté d'abattre mes hommes qui étaient placés en protection sur le balcon. C'est probablement l'un des snipers qui l'a alors touché", précise Amaury de Hauteclocque.

L'homme qui dirige le RAID depuis 2007 explique encore que "nous avons jusqu'au bout tenté de négocier la reddition. Il a annoncé mercredi à 22h45 qu'il voulait mourir les armes à la main, et c'est ce qu'il a fait." Selon lui, Mohamed Merah avait fait de son appartement une "zone de combat" : "Tout était barricadé. Il avait aménagé des recoins et des tanières." Le patron du Raid estime que le tueur, qui avait demandé un temps de repos dans la nuit de mercredi à jeudi, "ne souhaitait que se reposer pour mieux nous affronter". Il rappelle qu'avant la rupture des discussions, à 22h45, les négociations ont été quasiment "ininterrompues", le forcené donnant aux hommes du RAID un luxe de détails sur ses actes : "C'était comme un testament, avant de partir", conclut Amaury de Hauteclocque.

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