mercredi 21 mars 2012

Les indices qui ont permis de remonter au suspect

Des témoignages des concessionnaires Yamaha, une adresse IP et les fichiers recensant les personnes ayant emprunté des filières djihadistes ont permis aux enquêteurs de confondre le tireur présumé de la tuerie de Toulouse.

L'aspect politique des fusillades s'est imposé dans l'esprit des enquêteurs dès l'assassinat le 15 mars des trois militaires de Montauban. Deux pistes sont alors privilégiées: celle de l'ultra-droite et celle de l'islamisme radical dans la région Midi-Pyrénées. La direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dresse deux courtes listes de suspects potentiels.
En croisant les fichiers de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) et de la DCRI, les enquêteurs ont isolé plusieurs suspects habitant Toulouse et Montauban, qui ont emprunté des filières djihadistes en direction de l'Afghanistan et du Pakistan. À ce titre, le suspect Mohammed Merah était depuis longtemps surveillé par la DCRI «pour un engagement salafiste mais rien ne laissait penser qu'il était sur le point de passer à un acte criminel», a déclaré Claude Guéant. Le tireur présumé était connu des services de polices français pour des faits de violence. Cet homme de 24 ans a aussi été arrêté à Kandahar, berceau des talibans en Afghanistan, également pour des faits de droit commun, a précisé le ministre de l'Intérieur.

Le déclic de l'adresse IP

L'enquête s'est accélérée quand les policiers ont examiné la liste des 575 connexions générées par la petite annonce diffusée sur Internet par la première victime. Imad Ibn Ziaten cherchait sur leboncoin.fr un repreneur pour sa moto. Dans l'annonce postée le 24 février, le parachutiste, abattu à Toulouse le 11 mars, mentionnait son statut de militaire. Une adresse IP retient l'attention des enquêteurs, lundi, quelques heures après la tuerie de Toulouse. Elle appartient, selon Claude Guéant, à la mère de Mohammed Merah. Le parquet met alors sur écoutes plusieurs membres de la famille.
Mais les enquêteurs veulent obtenir des éléments matériels supplémentaires pour être sûrs que Merah est bien le tireur. Le suspect n'est pas initialement connu pour posséder ou utiliser un scooter. Les doutes s'estompent mardi: le suspect est physiquement repéré par une équipe de surveillance à la fenêtre de l'immeuble où l'assaut est mené mercredi.
Les enquêteurs ont aussi reçu des témoignages précieux de concessionnaires Yamaha de la région sur la moto du titreur. En voyant la photo du scooter blanc TMAX 530 du terroriste , un des vendeurs a indiqué que la peinture du véhicule semblait avoir été faite à la main. Un deuxième a raconté qu'un homme serait venu lui demander si le fait d'avoir repeint sa moto ne risquait pas d'abîmer le système traqueur qui permet de pister le véhicule. L'homme lui aurait demandé où se trouvait ce dispositif sur le scooter, ce que le concessionnaire aurait refusé de lui indiquer.
La décision de donner l'assaut est prise mardi après-midi et confirmée vers minuit. À 3h10, l'opération débute. Peu de temps auparavant, vers 1 heure du matin, une journaliste de France 24 a reçu un appel de revendication d'un homme se présentant comme l'auteur des attaques. Ce coup de fil de onze minutes est pris au sérieux, les détails avancés par cet homme étant très précis.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/03/21/01016-20120321ARTFIG00419-les-indices-qui-ont-permis-de-remonter-au-suspect.php

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