jeudi 22 septembre 2011

Refus d'embarquer des handicapés : ouverture d'une enquête

Le ministre des Transports Thierry Mariani a demandé à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), dépendante du ministère, d'ouvrir une enquête après le refus d'Air Méditerranée d'embarquer lundi plusieurs passagers sourds ou malentendants en raison de leur handicap.

Le ministre a «saisi la DGAC afin d’examiner si, dans cette affaire, les normes en vigueur ont bien été respectées», écrit le ministère dans un communiqué publié jeudi. «D’après les premiers éléments d’information», les consignes de sécurité internes à la compagnie «ont été appliquées par le commandant de bord», selon ce communiqué.
En effet, le commandant n'aurait appris qu'au moment de l'embarquement qu'il y avait des passagers sourds. Or, aucun renfort de personnel à bord n'avait été prévu comme ça aurait dû être le cas, explique le ministère.

Cet incident implique «Air Méditerranée, au nom duquel ont été émis les billets, et le transporteur grec Hermès, filiale d’Air Méditerranée, chargé d’effectuer le vol», rappelle-t-il également.

La compagnie invoque des raisons de sécurité

Lundi dernier à Marseille, dix-huit personnes sourdes, ainsi qu'une personne entendante et trois mal-entendantes, se sont vu refuser l'embarquement d'un vol Air Méditerranée à cause de leur handicap.Ce groupe de 22 personnes partait en vacances en Turquie depuis l'aéroport de Marseille. Le vol étant prévu dans la nuit de dimanche à lundi à 5 heures du matin, «tout le groupe a pu enregistrer sans problème et leurs valises sont parties en soute», explique Fabienne Guiramand, interprète en langue des signes, dont la mère faisait partie du groupe.

«Au moment d'embarquer, une personne de la compagnie a dit qu'ils ne pouvaient pas», a-joute-t-elle, le commandant de bord évoquant des «raisons de sécurité». Le groupe a tenté de faire valoir que ces personnes avaient déjà voyagé en 2010 à destination de la Tunisie, sans aucun problème, et qu'elles comprenaient les consignes de sécurité. «Mais le pilote est resté sur ses positions sans même daigner venir se rendre compte par lui-même», poursuit-elle.

Le Défenseur des droits saisi de l'incident

La directrice générale de la compagnie, Anne Loubet, a expliqué à Libération - qui révélait l'information mardi soir
sur son site internet - que la compagnie n'avait pas été prévenue à temps du handicap des voyageurs. «Les malentendants sont considérés comme des personnes à mobilité réduite, et nous devons mettre en place des personnels supplémentaires dans ces cas-là», a-t-elle dit, évoquant également des problèmes de vue pour ces passagers dans le quotidien La Provence, qui traite aussi l'information.

Selon Fabienne Guiramand, la législation indique que seules les personnes sourdes et aveugles sont considérées comme à mobilité réduite. Or, les 22 voyageurs n'étaient que sourds ou mal-entendants, ce qui explique pourquoi leur agence de voyage n'a pas prévenu la compagnie aérienne.

Le groupe comptait porter l'affaire devant l'ex-Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité), désormais fondue dans le nouveau poste de Défenseur des droits. Et
, le défenseur des droits, a annoncé mercredi se saisir en effet de cet incident.
http://www.leparisien.fr/marseille-13000/refus-d-embarquer-des-handicapes-ouverture-d-une-enquete-21-09-2011-1618549.php

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