dimanche 31 juillet 2011

En Argentine, l'enquête sur le double meurtre avance rapidement

En contrebas du sentier montagneux, les corps des deux femmes gisent, bouche contre le sol. Les vêtements ont été arrachés, déchirés, signe que les victimes ont essayé de lutter contre leur(s) assassin(s). Un pantalon marron, des bottes et un tee-shirt bleu lacérés... Difficile d'imaginer une scène de crime plus abominable. Les deux jeunes touristes françaises, âgées respectivement de 24 et 29 ans, ont été sauvagement assassinées. D'une balle dans le dos pour l'une. D'une balle logée dans la tête pour l'autre, qui a été violée.

D'après l'autopsie, la mort remonte à mardi dernier, le 26 juillet. Mais les corps des deux Françaises n'ont été retrouvés que trois jours plus tard, vendredi, par deux touristes argentins qui ont alerté la police. Le lieu du crime est un chemin privé de randonnée appelé "Quebrada San Lorenzo". Situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Salta, au nord-ouest de l'Argentine, il grimpe le long d'une belle faille rocheuse typique de la région jusqu'au Mirador, qui permet d'admirer la vue.

Enquête "rapide"

Stupéfait de ce "crime aberrant", Juan Manuel Urtubey, le gouverneur de la province de Salta, promet à la France une enquête "rapide". "Nous ne sommes pas habitués à ce genre de faits. Nous vivons du tourisme et devons rétablir nos standards de sécurité", estime-t-il. Grâce à son climat chaud et sec malgré l'hiver austral, la province de Salta accueille des milliers de touristes en juillet et en août, notamment les Français, qui raffolent de ses paysages montagneux, colorés et désertiques.

La difficulté de l'enquête réside dans l'interprétation des dates. Les deux Françaises ont voyagé en bus à Salta le 11 juillet. Elles ont visité la quebrada San Lorenzo le 15 juillet, selon un registre du concessionnaire du chemin de randonnée. Puis elles ont été vues, une dernière fois, le 16 juillet, dans une auberge de jeunesse de la région, après avoir fait une balade à cheval. Elles devaient théoriquement regagner la capitale, Buenos Aires, le 19 juillet.

Que s'est-il passé durant treize jours, entre le 16 juillet et le vendredi 29 juillet, date de la découverte des corps ? Sont-elles revenues seules sur le chemin de randonnée ? Ou ont-elles été enlevées puis séquestrées plusieurs jours avant d'être assassinées ? Martin Perez, le juge en charge de l'enquête, manie plusieurs hypothèses, explique-t-il au Point.fr. Mais selon lui, "il s'agit sans l'ombre d'un doute d'un crime sexuel. Et j'ai du mal à penser que la personne responsable se soit déplacée jusqu'au lieu du crime. Il est plus probable que l'agresseur soit quelqu'un du coin qui ait croisé les deux filles sur place."

Éléments cruciaux

La police a récupéré les sacs à dos des deux Françaises à l'auberge de jeunesse. Leurs passeports manquaient et un chargeur de téléphone portable a été récupéré, ce qui laisse à penser que le ou les meurtriers auraient volé le téléphone. Deux autres éléments cruciaux peuvent permettre de faire avancer l'enquête. L'arme du crime, de calibre 22, tout d'abord. Elle est souvent utilisée par les paysans, chasseurs et gardes-forestiers du coin. "Une des pistes consiste à interroger les éleveurs de la région, qui utilisent des carabines de calibre 22", explique Marcelo Baez, porte-parole du pouvoir judiciaire de Salta. D'autre part, les meurtriers ont laissé plusieurs empreintes génétiques sur les corps des victimes. La plus importante est une poignée de cheveux, que tenait l'une des Françaises dans son poing serré. La justice argentine espère qu'elle pourra permettre d'identifier les assassins.

L'ambassadeur de France en Argentine, Jean-Pierre Asvazadourian, est arrivé ce dimanche sur place. Les familles des deux victimes françaises ont été invitées à voyager depuis la France jusqu'à Salta. L'une d'elles est originaire de Nice et habitait Paris, selon son profil sur un réseau social en ligne. Ce double meurtre de touristes étrangers est inédit dans la région. Le seul précédent comparable est la disparition, début juillet, d'une jeune styliste argentine, Maria Cash.
http://www.lepoint.fr/monde/en-argentine-l-enquete-sur-le-double-meurtre-avance-rapidement-31-07-2011-1358287_24.php

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