lundi 8 août 2016

La drogue a fabriqué des tueurs

Le 27 juillet 2015, Eva Bourseau a été tuée à Toulouse. Après un an d'instruction, les drogues que consommaient les deux principaux suspects paraissent indissociables du crime. À quel niveau ont-elles aboli leur discernement ?
Voilà un an, Taha et Zak venaient de passer leur première nuit en prison. La vie de ces deux copains de 22 et 19 ans, avait basculé onze jours plus tôt, dans un petit appartement du cœur de Toulouse, à l'ombre de la basilique Saint-Sernin. Ce matin-là, après avoir passé la nuit à consommer des amphétamines, de l'atropine et de la cocaïne dans l'appartement d'Eva, jeune fille de 23 ans, ils avaient soudain décidé de remonter chez elle. Motivation ? L'appât du gain. Ils voulaient récupérer une dette liée aux deals de drogues.
À la porte du studio du dernier étage, face à Eva effrayée, coups de poing américain et de pied-de-biche. Fracture du crâne… La jeune femme est morte rapidement. Dans leurs délires sous amphétamine ou LSD, les deux étudiants en mathématiques ont plongé le corps de la victime dans un bac rempli de 27 litres d'acide pour tenter de le faire disparaître, inspirés par la série américaine, «Breaking Bad». L'horreur. Le 3 août en début de soirée, les pompiers ont découvert la terrible réalité. Deux jours plus tard, Taha se rendait pour dénoncer ses amis et se retrouvait en garde à vue. Zak le lendemain. Les enquêteurs de la police judiciaire ont vite démonté leurs pseudo-explications. Le 7 août, la juge leur signifiait leur mise en examen pour «assassinat». Ils étaient incarcérés.
Comment ces deux forts en maths ont-ils basculé ? Depuis un an, les juges d'instruction Florence Bru et la doyenne Myriam Viargues accumulent expertises, auditions, confrontations. Sans vraie surprise mais une confirmation : l'effroyable poids des drogues dans ce crime. «Le Chinois», dealer tôt désigné comme le donneur d'ordres de l'exécution, a été mis hors de cause et libéré. Sans lien avec le meurtre, il est en revanche impliqué dans la vente de la drogue. Taha et Zach se renvoient la responsabilité des coups mortels, ce qui ne change ni le fond du dossier, ni son horreur.

Polytechnique raté d'un demi point !

Taha, bachelier à 16 ans au Maroc, rêvait de Polytechnique. Maths sup, Maths spé, il a raté la grande école d'un demi-point ! Zak, le Toulousain, bachelier aussi à 16 ans, a craqué en prépa de Maths sup au lycée Pierre-de-Fermat. Des études mal engagées et une rencontre sur les bancs de la fac qui les rend inséparables. Ciment de ce quasi-couple et de l'enchaînement criminel, la drogue. Elle les a mis en contact avec Eva. Elle a provoqué la dette. Elle a surtout coupé ces deux garçons du réel.
L'expert psychologue souligne les conséquences des produits sur la distanciation de la réalité, et sur le manque total d'empathie envers la victime. En défense, Me Alexandre Martin pour Zach, Mes Pierre Alfort et Édouard Martial pour Taha, attendent les conclusions de l'expert psychiatre. Va-t-il parler d'abolition du discernement ? Cela n'excusera rien. Ça expliquera, un peu
http://www.ladepeche.fr/communes/toulouse,31555.html

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