mardi 31 mai 2016

Drame de Brétigny: les vis étaient abîmées bien avant le déraillement de juillet 2013

INFO LE FIGARO - La SNCF soutenait que l'accident était «imprévisible» et avait demandé, en ce sens, un complément d'expertise. Ce dernier fait état de dégradations des vis datant d'avant l'accident mortel.
Voilà de quoi rallumer le débat. Dans un courrier adressé en mars aux juges en charge de l'instruction, les avocats de la SNCF notaient que «le déraillement [de Brétigny-sur-Orge en juillet 2013], qui reste inexpliqué, est un événement inédit, imprévisible et exceptionnel». Pour étayer leur argumentaire, les conseils mettaient en avant des manquements dans le rapport des experts judiciaires remis aux magistrats instructeurs en janvier dernier. Ils remettaient en cause «la qualité» de ce travail, évoquant «des raisonnements incomplets», «des erreurs», ainsi qu'«un scénario» qui, selon la SNCF, «ne repose que sur des hypothèses inexactes et des explications inabouties ou contestables».
Selon les experts judiciaires, l'accident est imputable à un problème de maintenance sur un assemblage de la voie ferrée, lequel se serait lentement désagrégé avant de finalement céder au passage du train, causant la mort de sept personnes. Une éclisse, sorte de grosse agrafe sur cet aiguillage, sur laquelle une fissure avait été détectée en 2008 et dont trois des quatre boulons s'étaient cassés ou dévissés, avait alors pivoté, provoquant le déraillement. Mais la SNCF soutient que l'assemblage incriminé pourrait avoir cédé brutalement en raison de potentielles «anomalies métallurgiques». Elle avait alors réclamé aux juges des expertises complémentaires sur ces pièces.

«Les dégradations (...) sont bien antérieures à la date de l'accident»

Or, cette expertise complémentaire remise par les experts aux trois juges le 22 avril dernier et que Le Figaro a consulté, contredit la version de la SNCF. «Nous sommes en mesure de dire que les dégradations constatées (rupture et allongement) sur les vis de l'éclisse de la TJD (traversée jonction double, NDLR) sont bien antérieures à la date de l'accident du 12 juillet 2013», écrit ainsi Laurent Regnier, l'expert responsable des investigations. Le déraillement n'était donc pas «imprévisible».
Dans cette affaire, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF) pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies, ont été placés sous le statut de témoin assisté.
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