mercredi 4 mai 2016

Argenteuil : sur la piste d’un meurtre vieux de 14 ans

Jean Wittier prend son vélo équipé de ses deux sacoches, quitte le petit pavillon d’Argenteuil de la cité-jardin d’Orgemont pour aller acheter de l’outillage.
Il n’est jamais revenu. C’est en ces termes qu’il y a quatorze ans, le 18 septembre 2002, l’épouse du retraité de l’EDF alerte la police pour signaler la disparition du père de famille alors âgé de 73 ans.
Le commissariat d’Argenteuil ouvre alors une procédure de recherche dans l’intérêt des familles. Mais l’absence de résultat incite la fille de Jean à déposer plainte, obtenant le lancement d’une enquête pour disparition inquiétante.
Les années passent. Jean Wittier ne donne aucun signe de vie et la prescription de l’affaire se profile. Le parquet de Pontoise, au mois d’août dernier, saisit à nouveau les enquêteurs pour mettre au clair le dossier une dernière fois, et tenter d’expliquer la mystérieuse disparition. Et, coup de théâtre, la fille confie alors soupçonner fortement son frère de l’avoir peut-être tué.
Les policiers de la sûreté urbaine d’Argenteuil rouvrent le « cold case », épluchent la procédure, découvrant alors que le fils n’avait jamais été entendu. Ce sera fait à l’automne 2015. « On s’entendait très bien. Je l’aime mon père », dit-il en substance, assurant être totalement étranger à sa disparition. De même, sa mère, désormais en maison de retraite, reçoit en septembre la visite des enquêteurs, sans rien révéler. Une information judiciaire pour disparition inquiétante est ouverte afin de permettre de mener des investigations plus poussées.
Le coup de théâtre intervient le 14 avril dernier. Ce jour-là, les enquêteurs de la sûreté urbaine d’Argenteuil rendent une nouvelle fois visite à la vieille dame de 85 ans. Cette nouvelle audition sera renversante. Marie-Thérèse tient bon face aux policiers pendant une heure et demie, puis lâche : « C’est mon fils qui a tué mon mari… »
Les déclarations de l’épouse, qui apparaît aux enquêteurs comme parfaitement lucide et sincère, décrivent une scène hallucinante. Celle d’une nouvelle dispute violente entre le père et son fils dans la salle à manger. Ce dernier, qui est âgé de 39 ans à cette époque, aurait frappé son père avec un marteau. Selon la mère, qui apparaît soulagée de rompre quatorze années de silence, il l’aurait noyé dans un seau d’eau, traîné dans la cave. Après avoir étendu une bâche, il l’aurait découpé. La mère confie enfin que les restes de son mari auraient été évacués peu à peu dans les poubelles, avant de signaler la disparition.
Interpellé aussitôt à Paris où il réside, le fils a été déféré devant le juge d’instruction, sans rien ajouter à ses déclarations précédentes. Mis en examen pour meurtre sur ascendant, il a été placé sous contrôle judiciaire, au vu du manque d’éléments matériels à son encontre. Une lacune que les enquêteurs espèrent combler en lançant ce mardi une vaste opération de recherches techniques et scientifiques dans le pavillon (lire ci-contre).
L’enquête suggère un terrifiant huis clos familial dans le petit pavillon que la famille a loué jusqu’en 2006. Le fils vivait à l’étage, s’enfermait dans sa chambre, les volets clos, devant son ordinateur. Un « Tanguy » en conflit ouvert avec son père et protégé par sa mère qu’il frappait pourtant. Jusqu’à une nouvelle crise pendant laquelle le père a menacé d’interner sa femme, le fils se saisissant alors d’un marteau.
http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95

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