Alors que les enquêteurs français arrivent sur le terrain afin d’épauler leurs collègues argentins, les hypothèses vont bon train en France pour tenter d’expliquer le drame
Deux jours après l'accident d'hélicoptères qui a coûté la vie à dix personnes, dont les champions français Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine, l'heure est désormais aux questions. Comment deux appareils récents (les très fiables Écureuil AS350), qui plus est aux mains de pilotes expérimentés, ont pu se télescoper en plein vol ?
Pour tenter de déterminer les causes du drame, le juge fédéral argentin Daniel Herrera est désormais en charge de l'enquête. Côté français, le parquet de Paris a également ouvert une enquête pour « homicides involontaires ». Cette dernière a été confiée à la Gendarmerie des transports aériens (GTA) qui doit envoyer sur place une équipe d'une dizaine de personnes afin d'épauler les enquêteurs argentins.
Pourquoi l'enquête sera délicate ?
Mais dès hier, deux experts français du Bureau Enquête Analyse (BEA), accompagné d'un ingénieur d'Airbus Helicopters, constructeur des deux appareils, sont arrivés à Villa Castelli, sur les lieux de l'accident.
Malgré la débauche de moyens, l'enquête s'annonce délicate. Comme nous l'a confirmé Gloria Illas, du service communication d'Airbus Helicopters, « ce type d'appareil, léger, ne dispose pas de boîte noire». Et rien ne dit que les enregistrements de la caméra, qui équipait l'un des deux hélicoptères, seront exploitables.
En attendant, pour tenter d'expliquer la collision, les hypothèses vont bon train.
L'erreur est-elle humaine ?
Mais celle qui revient le plus souvent est incontestablement l'erreur humaine. «En décortiquant la vidéo amateur, image par image, ça ressemble fort à un problème d'attention d'un, voire des deux pilotes. Objectivement, il n'y a aucune raison que les deux hélicoptères se rentrent dedans. Sauf si l'un des deux pilotes a été distrait, par un caméraman par exemple. Dans ce genre de tournage, il y a pas mal d'émulation, de pression aussi de la part du réalisateur. Il faut savoir dire non. Le pilote a beaucoup de choses à gérer. Des facteurs étrangers peuvent affecter sa prise de décision à l'instant T. On peut imaginer aussi que le caméraman du 1er appareil ait demandé au pilote de couper la radio pour éviter les interférences. Dans l'impossibilité de communiquer, le pilote du second hélicoptère a pu se faire surprendre par une manœuvre de l'autre», explique, sous couvert d'anonymat, le pilote expérimenté d'une société varoise.
Tout en reconnaissant que «les images ne sont pas hyperparlantes», un pilote militaire de l'École de l'aviation légère de l'armée de terre au Cannet-des-Maures, a la même analyse : «Tout laisse à croire que c'est une erreur humaine. Pour une raison qu'on ne connaît pas, le pilote du deuxième hélicoptère est focalisé sur autre chose que sur l'appareil de devant. Il le perd de vue et vient le percuter».
Une défaillance technique ?
Connu pour sa fiabilité, personne ne croit vraiment à une défaillance technique d'un des Écureuil. «Pour qu'un pilote perde totalement le contrôle de sa machine à cause d'un problème technique, il faudrait une casse du rotor arrière. Or rien n'indique une telle panne sur les images», confie notre expert militaire. Même constat chez Airbus Helicopters. «En regardant les images, on ne remarque aucun problème technique sur les deux hélicoptères», déclare Gloria Illas. Avant de glisser, prudente : «Il faut respecter les investigations en cours».
http://www.nicematin.com/derniere-minute/l%E2%80%99enquete-sur-le-crash-en-argentine-sera-difficile.2135420.html
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