mardi 7 octobre 2014

Drogue et armes à Toulouse : descente au cœur du trafic

Plus de deux cents policiers sont intervenus hier à l'aube dans le quartier sensible de la Reynerie, à Toulouse. But de l'opération : mettre un coup de pied dans la fourmilière du trafic de drogue toulousain. Qui, à l'occasion, fait des morts…
L'opération n'est pas passée inaperçue. Hier dès l'aube, près de deux cents policiers se sont déployés dans le quartier de la Reynerie. Des enquêteurs de la police judiciaire, qui avaient une petite idée de ce qu'ils cherchaient. Et des renforts spécialisés pour les opérations plus «musclées» : les forces d'intervention de la Police Nationale. Une unité d'élite indispensable pour une intervention dans un secteur où le moins qu'on puisse dire, c'est que la police n'est pas la bienvenue.
Dans ces barres d'immeubles, des appartements, des garages, des caves, des celliers ont été perquisitionnés. Neuf personnes, âgées de 20 à 30 ans ont été interpellées. 5 000€ en liquide ont été saisis, de même que cinq kilos de cannabis, et quelques cachets d'ecstasy.
Ce coup de pied dans la fourmilière est un épisode visible d'une guerre moins visible que mènent les différents services de police de Toulouse, en collaboration avec les gendarmes et les douanes. La Ville rose ne peut pas être comparée aux grands «pôles» criminels de l'Hexagone, que sont Paris et sa banlieue, et bien évidemment Marseille.
Mais sa proximité avec l'Espagne fait de Toulouse une sorte de «ville étape» pour les trafiquants. Il y a le trafic «traditionnel» avec les productions de haschisch du Rif marocain, qui n'a jamais cessé, qu'il soit l'œuvre de petites mains ou de trafiquants plus organisés avec les fameux «go-fast». Il y a aussi le trafic de cocaïne qui a pris d'importantes proportions ces dernières années, la péninsule ibérique étant devenue une des portes d'entrée privilégiées des «narcos» d'Amérique du Sud. Les prises sont relativement nombreuses à la frontière, laissant supposer que ce qui passe à travers les mailles du filet reste très important.
Suffisamment important en tout cas pour générer beaucoup d'argent, et une économie souterraine qui irrigue des quartiers entiers comme Reynerie ou les Izards. Avec des dealers qui savent que l'on peut aussi se fournir au nord, vers les Pays-Bas, en drogues nouvelles comme l'ecstasy ou comme les herbes au taux de THC très puissant qui pousse sous les serres hollandaises.
Ces énormes flux d'argent suscitent des convoitises. Si le monde de la drogue s'inspire beaucoup du modèle commercial classique de l'offre et de la demande, le problème de la concurrence se règle parfois de la pire des manières. Ces derniers mois, à Toulouse, les règlements de comptes ont fait plusieurs morts, et ces assassinats n'ont toujours pas été élucidés.
On peut donc supposer que des opérations telles que celles d'hier matin ont plusieurs objectifs. D'abord, de casser des réseaux, des filières, qui mettront ainsi du temps à se reconstituer, et donc à faire revenir les flux financiers. Tenter aussi de repérer les filières du trafic d'armes qui circulent à Toulouse. Mais aussi mieux connaître et mieux comprendre ces embryons de mafias. À n'en pas douter, les policiers qui vont exploiter les résultats de cette opération coup de poing auront dans un coin de la tête le souvenir de ces quatre meurtres non résolus.

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