mercredi 29 octobre 2014

Drame de Sivens : la piste d’une grenade des gendarmes

L’enquête sur la mort de Rémi Fraisse, dimanche sur le site du barrage, privilégie la thèse d’un décès dû à une grenade offensive lancée par les gendarmes. La présence de traces de TNT sur les vêtements de l’étudiant de 21 ans a été établie formellement. Or cet explosif est constitutif des grenades dites offensives (lacrymogènes) utilisées par les forces de l’ordre pour repousser des assaillants. Le procureur d’Albi a transféré l’enquête au parquet voisin de Toulouse, seul habilité à prendre en charge l’instruction de faits commis par des militaires en mission. L’avocat de la famille de la victime a confirmé avoir déposé deux plaintes : l’une pour « homicide volontaire » et l’autre pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Utilisation de grenades suspendue

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a aussitôt annoncé qu’il avait décidé de suspendre l’utilisation des grenades offensives utilisées par la gendarmerie. Jusqu’à présent, les spécialistes estimaient que ce type de grenades ne pouvait pas tuer si elles n’étaient pas combinées à un autre élément. Hier matin, un opposant au projet de barrage évoquait l’hypothèse qu’une grenade lancée par les gendarmes ait pu se retrouver coincée entre le dos de Rémi et son sac à dos, avant d’exploser et de perforer le dos du jeune homme qui, selon tous les témoignages, était un militant pacifiste.

Polémique politique

Pris en étau entre les écologistes qui ont dénoncé un « échec de l’État » et la droite qui condamne les violences des manifestants, le gouvernement a été contraint hier de réagir à la mort de Rémi Fraisse. François Hollande et Manuel Valls ont tous deux mis en garde contre les « propos excessifs ». Le président de la République, qui a téléphoné au père du jeune homme dans la matinée, et le Premier ministre ont appelé à l’apaisement et à la sérénité.
Dans leur viseur : Cécile Duflot. La députée verte a qualifié la mort de Rémi Fraisse de « tache indélébile sur l’action de ce gouvernement », une première depuis la mort de Malik Oussekine lors d’une manifestation étudiante à Paris en 1986. Le député européen José Bové avait accusé Bernard Cazeneuve : « Le ministre de l’Intérieur a la responsabilité. Pourquoi mettre des policiers sur ce site alors qu’il n’y a rien à protéger ? C’est une provocation ».

Condamnation des violences

Ferme, le Premier ministre a défendu son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et les policiers et gendarmes « qui ont compté de nombreux blessés dans leurs rangs ».
Sur ce point, le Premier ministre était sur la même ligne que l’UDI et l’UMP. Philippe Folliot, député centriste du Tarn, a dénoncé les violences autour du barrage. Pour Christian Jacob, patron du groupe UMP à l’Assemblée, « il ne faut pas que ce drame effroyable soit le prétexte à une mise en cause des forces de l’ordre, qui font un travail extrêmement difficile […] »

Fillon accuse les Verts

François Fillon est allé plus loin en mettant en cause en cause les Verts, pointant « une part de responsabilité de ceux qui utilisent la violence politique ». Des propos jugés inadmissibles par François de Rugy, président du groupe écologiste à l’Assemblée.

http://www.leprogres.fr/environnement/2014/10/29/drame-de-sivens-la-piste-d-une-grenade-des-gendarmes

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