dimanche 19 octobre 2014

Après la mort du jeune braqueur, des questions demeurent

Tôt vendredi matin à Toulouse, un policier a ouvert le feu sur un jeune braqueur qui le menaçait avec son arme dans une supérette. Timothée Lake est mort sur le coup. La légitime défense est privilégiée mais l'enquête est loin d'être terminée.
Le procureur a levé la garde à vue du policier qui a ouvert le feu sur Timothée Lake vendredi soir 13 heures après le coup de feu qui a tué le jeune braqueur. Une affaire qui trouble les policiers et les observateurs et pose encore de nombreuses questions.
Quelles circonstances ?
Timothée Lake a débarqué dans le Carrefour City du quartier Saint-Cyprien vers 6 h 10 vendredi, l'heure où les employés préparent la journée. Une heure fréquente pour les attaques à main armée quand les auteurs veulent accéder au coffre-fort du magasin. Vendredi, l'auteur seul, à visage découvert, a fait preuve de beaucoup d'excitation et de pas mal de violence. «Les enregistrements vidéos le démontrent», a expliqué le procureur Couilleau. En revanche, lors de l'ouverture du coffre à l'arrière du magasin, le braqueur a arraché tous les fils du système vidéo ce qui a empêché l'enregistrement du face à face mortel entre le suspect et le policier, dans le couloir d‘accès à la réserve.
Une agression sous tension
Les auditions réalisées dans le cadre de l'enquête de flagrance par les enquêteurs de la PJ retracent tous, selon le procureur, la grande nervosité, et la violence, du jeune braqueur. Il a notamment frappé une employée gratuitement, mis un coup de pied dans la tête de l'homme chargé d'ouvrir le coffre parce qu'il n'allait pas assez vite. Et déçu du peu d'argent qui se trouvait dans les caisses placées au coffre, il s'est mis à tout dévaster dans le bureau. Un comportement particulier qui pose la question d'une éventuelle prise de drogue, cocaïne ou amphétamines.
Le braqueur était-il un voyou ?
Timothée Lake, 20 ans depuis le 27 septembre, n'a ni le profil, ni le passé d'un voyou de cité. Une seule condamnation pour une conduite en état d'ivresse, six signalements dans le fichier des infractions pour usage de stupéfiants, port d'arme ou destruction par incendie (des poubelles la nuit de la Saint-Sylvestre) n'en font vraiment pas un nouveau Mesrine ou Ferrara. Rentré des Antilles d'où il était originaire mi-septembre, il devait chercher un emploi ou un stage. Comment a-t-il basculé dans le braquage ? C'est une des énigmes en l'état des investigations. Les membres de son entourage ont été entendus par les enquêteurs et sont apparus aussi surpris que désespérés par le comportement du «petit» dernier. Ses proches qui vivent à Basso-Cambo, sur les hauteurs de La Reynerie jouissent d'une réputation sans tache. «Tout sauf une famille à problème», lâche un proche du dossier. Vendredi soir, les cités «sensibles» de Toulouse, notamment la Reynerie sont restés très calmes. «Il n'était pas intégré dans une bande», affirme un policier qui travaille sur la zone de sécurité prioritaire du Mirail.
Légitime défense ?
«Monsieur le procureur, mon travail n'est pas de tuer !» Le policier de 41 ans, membre de la brigade anticriminalité à Toulouse depuis 2007, a fait tout de suite cette déclaration au procureur sur les lieux du drame vendredi matin. «Un fonctionnaire très calme, conscient, avec une extrême pudeur», a souligné le procureur Couilleau. Placé en garde à vue vendredi à 8 h 30 pour qu'il s'explique «dans un cadre logique et normal», souligne un syndicaliste, ce policier très bien noté a été laissé libre à 19 h 30 vendredi après avoir été entendu deux fois notamment par les membres de l'IGPN, la police des polices. Pour l'instant, ce brigadier ne fait l'objet d'aucune mesure judiciaire, ou administrative, particulière. Il peut notamment exercer son métier même s'il serait «officieusement» en vacances. La légitime défense reste privilégiée. Le procureur Couilleau a beaucoup insisté vendredi lors de sa conférence de presse pour souligner que «cette analyse juridique n'est pas définitive». Côté police, on semble quand même considérer que «tout est carré». Avant de se prononcer définitivement, la justice devra réunir encore des éléments, notamment les expertises balistiques. Pour l'instant, le parquet n'a pas annoncé si une instruction serait ouverte pour poursuivre les investigations.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/19/1975149-apres-la-mort-du-jeune-braqueur-des-questions-demeurent.html

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