lundi 30 juin 2014

Violences meurtrières : l'inquiétante explosion

Depuis les six premiers mois de l'année, 7 affaires d'homicide ou de violence ayant entraîné la mort, contre 2 l'année dernière à la même époque, traduisent l'inquiétant phénomène d'une violence aveugle. Et parfois sans limite.
«Notre société est malade de sa violence», déplorait lors de ses audiences solennelles le procureur de la République, Michel Valet. Un constat glacial d'autant plus inquiétant que cette violence poussée à l'extrême se traduit depuis le début de l'année par une explosion d'affaires d'homicide. Sept personnes (contre 2 l'année dernière à la même époque) ont été brutalement tuées à Toulouse et en proche banlieue, majoritairement par des coups de couteau. Les emblématiques affaires «Quentin» et «Christophe Cappellari», illustrent à elles seules l'ampleur d'un phénomène qui mobilise toute la chaîne judiciaire toulousaine. Véritable fléau d'une société de plus en plus individualiste, «la violence a trois alliés : les armes, l'alcool/stups et l'indifférence aux autres», explique le chef du parquet de Toulouse. Pour les deux premiers, les réponses répressives ne manquent pas : lutte contre les détentions d'armes au quotidien et opération anti-alcool tous azimuts mobilisent police et gendarmerie.

7 000 affaires de violence

À Toulouse, la justice a traité, en 2013, 7000 affaires de violence. Un chiffre en hausse d'une année sur l'autre. Mais au-delà de ces actions répressives, contre les détentions d'arme et l'alcoolisation dont l'excès désinhibe les auteurs et fragilise les victimes, comment lutter en profondeur pour stopper l'escalade meurtrière ? «Il faut que chaque citoyen se sente aussi acteur de la lutte contre cette violence», assure un militant associatif. «Ne pas hésiter à témoigner de ce que l'on voit et déposer plainte si l'on est victime», poursuit Michel Valet. Une démarche qui ne doit pas faire l'économie d'une éducation plus globale prônant le respect des autres. «Nos sociétés matérialistes recherchent la satisfaction immédiate, la consommation parfois à outrance, n'accordant finalement qu'un faible crédit à l'autre qui compte de moins en moins», constate une source judiciaire. La banalisation du port du couteau reste l'élément le plus révélateur dans ces affaires criminelles. «Cette arme devient le prolongement naturel du poing», décortique l'expert psychologue, Alain Penin. Et lorsqu'au bout de ce poing c'est une lame qui jaillit, le drame est inévitable.
Le processus du passage à l'acte est dès lors implacable : «L'alcool lève les inhibitions et les censures, s'ensuivent une potentialisation de l'agressivité et une augmentation de la réactivité.» Une constante : le passage à l'acte est très présent chez les individus se sentant en insécurité : «Je me sens menacé donc je me protège», décrypte l'expert. Avec un risque, celui d'accroître les pulsions aux conséquences irréversibles. Autre source d'inquiétude : la disproportion entre le motif des coups et ses conséquences. Le jeune Quentin Fisset est mort pour un scooter renversé. Et que dire de Miloud Nemar, tué par des inconnus dans la pizzeria le Milano, route de Launaguet, le 21 janvier, victime collatérale d'un règlement de comptes aveugle.

http://newsletter.ladepeche.fr/Go/index.cfm?WL=28534&WS=291720_2501986&WA=5481

Aucun commentaire: