jeudi 27 mars 2014

Béarn : qui a allumé l'incendie meurtrier, et pourquoi ?

La vie s'est arrêtée au 4, place des Vignerons, à Salies-de-Béarn. Six jours après l'incendie d'immeuble d'origine criminelle dans lequel une jeune mère de 19 ans, Aurélie Capdeville, et sa petite fille de 8 mois, Kayllana, ont péri, des barrières bloquent toujours l'accès au bâtiment, placé sous scellés par la justice dans le cadre de l'enquête confiée aux gendarmes de la section de recherches de Pau. Devant l'entrée, un amas d'objets calcinés. Au milieu, une poussette. Un peu plus loin, quatre roses blanches sont accrochées entre des bandeaux « gendarmerie ».
À deux pas de là, un voisin invite à entrer chez lui. Il vient de servir le café à Fabrice et Denis (1), deux des habitants de l'immeuble incendié. Depuis près d'une semaine, ils ont trouvé refuge dans leur famille. Leurs appartements ont été endommagés et leur sont toujours interdits. Mais ce n'est pas ça qui les tourmente.
Qui était visé ?
Traumatisés, les deux jeunes hommes s'apprêtent à se rendre à une cellule d'aide psychologique mise en place par la municipalité pour les rescapés. « Je ne dors plus », confie Fabrice, sous calmant depuis le drame, et qui a fini par être arrêté par son employeur. « Nous sommes hantés par les questions », enchaîne Denis. « Qui a pu faire une chose pareille ? Pourquoi ? ça tourne en boucle dans nos têtes. » Ils ont entendu la rumeur qui court la cité thermale d'un règlement de comptes. « Tous les deux, on n'est pas là de la journée, on bosse. Nous avons des relations cordiales avec les autres habitants des six appartements de l'immeuble. Je n'ai jamais vu de choses louches avant ces dernières semaines et les deux feux qui ont précédé l'incendie dramatique », poursuit Denis, qui connaissait un peu les victimes et leur famille.
Aurélie, son compagnon, sa mère et son beau-père avaient emménagé il y a un peu plus d'un an dans un appartement du deuxième étage. Le logement d'en face s'étant récemment libéré, le couple de 19 et 20 ans s'y était installé avec son bébé, début mars. « Ce sont des gens tranquilles », témoigne Fabrice. Pour lui, comme pour Denis, « ce n'était sans doute pas eux qui étaient visés mais d'autres locataires du premier étage ».
Ce dont est persuadé David (1), le compagnon d'Aurélie, qui arrive sur ces entre-faits. Le jeune homme passe tous les jours devant son foyer réduit en cendres. « Je sais qui a fait ça : une personne qui avait des embrouilles avec un voisin du premier et j'en ai parlé aux enquêteurs », lâche-t-il, la mâchoire serrée. David n'en dira pas davantage. Entouré par ses proches dans cette terrible épreuve, il confie être touché par la solidarité des Salisiens.
Les Salisiens se mobilisent
De nombreux commerçants ont installé des urnes dans leurs boutiques pour recueillir des dons afin d'aider la famille des défuntes, de milieu modeste, à financer les funérailles qui se tiendront vendredi dans la plus stricte intimité. Catherine Vigne, une coiffeuse du centre-ville, n'a pas hésité une seconde lorsque des proches d'Aurélie lui ont fait cette demande. « Cette affaire m'a bouleversée. Nous espérons tous que les coupables seront rapidement retrouvés », témoigne-t-elle.
En attendant les réponses à leurs nombreuses questions, les Salisiens sont invités à une cérémonie de recueillement organisée par la municipalité, aujourd'hui à 15 heures, dans la salle de La Rotonde.
(1) Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés, « par peur de représailles ».
"Toutes les pistes sont vérifiées"
Qui a allumé l’incendie meurtrier et pourquoi ? Ces deux questions, qui reviennent en boucle dans la bouche de nombreux Salisiens, occupent depuis six jours les gendarmes de la section de recherches (SR) de Pau, à qui le parquet a confié les investigations. D’importants moyens sont mobilisés. Une cellule d’enquête baptisée « Incendie 64 » a été créée. Pilotée par la SR, elle compte également d’autres services du groupement de gendarmerie des Pyrénées-Atlantiques. « Cette enquête est prioritaire, indique le procureur de la République à Pau, Jean-Christophe Muller. Toutes les pistes sont vérifiées. »
De nombreuses auditions ont déjà été réalisées. Tous les habitants de l’immeuble ont été entendus, ainsi que les voisins. Les enquêteurs travaillent également sur l’environnement de chacun.
L’hypothèse d’un règlement de comptes fait bien sûr partie des pistes examinées.
À ce titre, la section de recherches a été cosaisie avec les gendarmes de la compagnie d’Orthez d’une enquête portant sur deux séries de coups de feu tirés, quelques heures après le drame, dans la région d’Orthez. S’agissait-il de représailles en réponse à l’incendie criminel ? « Aucun lien factuel n’a pour l’heure été établi entre ces deux affaires. Mais nous vérifions tout », précise le procureur.

http://www.sudouest.fr/2014/03/27/le-mystere-demeure-1505640-4344.php

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