mercredi 26 février 2014

Les suspects contestent le meurtre avec préméditation

Le juge d’instruction en charge de l’affaire Arnaud Gontier a clos son enquête. Il renvoie devant la cour d’assises de la Somme les trois jeunes hommes soupçonnés de l’homicide. Le magistrat a retenu les chefs d’accusation les plus graves : assassinat pour Hocine Boudjenane, 29 ans, et complicité d’assassinat pour Cédric Le Gall, 30 ans, et Alexis Duhamel, 25 ans. À savoir, un meurtre avec préméditation.
Alors que le procès doit se tenir cette année, à Amiens, les avocats de la défense ont abattu leur dernière carte pour éviter à leur client cette mise en accusation la plus grave. Ils ont fait appel de l’ordonnance de mise en accusation devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Amiens.
Dans ce dossier, les trois personnes mises en cause ont tendance à se « charger » les unes les autres pour mieux minimiser leur implication. Mais elles s’entendent sur une chose : le 4 février dernier, leurs avocats ont argumenté sur le fait que l’acte n’était pas prémédité. Ils seront fixés le 11 mars prochain, lorsque les juges rendront leur décision.
Me Djamila Berriah, avocate de Yannick Le Gall, 30 ans, qui conduisait la voiture des malfaiteurs, est même allée plus loin. Elle conteste l’intention de tuer, et voudrait que son client soit poursuivi pour « complicité de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Elle s’appuie sur les déclarations des suspects lors de leur garde à vue. Ce soir-là, il était question selon eux, d’aller en découdre avec deux frères, des dealers, avec qui ils étaient en conflit. Ou du moins leur faire peur.

« Si l’on veut faire peur, il y a d’autres moyens… »

Problème : les trois Samariens se sont trompés de victime. Arnaud Gontier était tranquillement chez lui, dans sa chambre en compagnie de sa petite amie. Il entend du bruit dehors (les suspects viennent de lui crever un pneu et de tirer en l’air au pistolet à grenailles), il ouvre son volet roulant, et se prend à cet instant une balle en pleine tête. Me Berriah insiste sur le fait que son client ignorait tout de ce qui se passait sur le trottoir ce soir-là. Elle s’appuie également, entre autres, sur les déclarations du tireur présumé, Hocine Boudjenane : «  Je n’ai jamais voulu toucher la tête, j’ai tiré dans la direction. Je n’ai pas cherché à viser. Avec la pression et le stress, voilà… J’ai tiré malheureusement, et j’ai fui.  »
Mes Guillaume Demarcq et Jean-Marie Camus, insistent également sur le fait que l’enquête n’a pas permis de prouver que leur client, Alexis Duhamel, savait que le voyage à Languevoisin avait pour objectif final de tuer quelqu’un.
Pour Me Hubert Delarue, l’avocat des parties civiles, la préméditation est recevable, « dans la mesure où il y a eu préparation  ». Et l’intention de tuer ? : «  Si l’on veut faire peur à quelqu’un, il y a d’autres moyens que de tirer en direction d’une fenêtre : on peut tirer en l’air par exemple. (…) Quant à l’intention de tuer : le tireur a été d’une précision machiavélique. S’il ne l’a pas fait exprès, il est vraiment très malchanceux…  ».
Il ressort du dossier qu’aucun membre du trio ne savait que le tir avait été mortel. Ils l’ont appris le lendemain. Personne ne s’est alors dénoncé.

http://www.courrier-picard.fr/region/les-suspects-contestent-le-meurtre-avec-premeditation-ia0b0n323447

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