vendredi 21 février 2014

«Disparues de l'A26»: un appel à témoins pour relancer l'enquête

Près de trente ans après les meurtres non élucidés de deux adolescentes dans l'Aisne en 1985, les familles espèrent une avancée grâce à un nouvel appel à témoins et les progrès des techniques de recherches d'ADN.
A la demande d'un juge d'instruction, une cellule spéciale composée de cinq enquêteurs de la section de recherches d'Amiens a été créée en début d'année et un appel à témoins a été lancé par la gendarmerie, préalablement à la diffusion le 11 février sur France 2 d'un documentaire sur l'affaire des «disparues de l'A26», Sophie Borca, 16 ans, et Christel Oudin, 13 ans et demi.
Les jeunes filles, blondes toutes les deux et scolarisées dans le même lycée de Saint-Quentin (Aisne), avaient disparu à cinq mois d'intervalle et leurs corps avaient été retrouvés à proximité du chantier de l'autoroute A26.
Après un long combat judiciaire, l'avocate des familles, Me Corinne Herrmann, avait obtenu en février 2012 la réouverture de l'information judiciaire sur la disparition de Sophie Borca, qui s'était achevée sur un non-lieu en 2006, mais pas celle sur le décès de Christel Oudin, dont les restes avaient été incinérés et dont les scellés ont disparu.
Finalement, quelques mois plus tard, le parquet de Laon avait décidé de rouvrir également le dossier Oudin, en raison d'«une possibilité de connexité, c'est-à-dire d'un même auteur» dans les deux affaires, explique Olivier Hussenet, procureur de la République de Laon.
- «Jamais trop tard» -

Après la reconstitution des procédures et l'examen des pièces à conviction pour y chercher des empreintes et extraire des profils génétiques, le juge d'instruction a début 2014 «fait exhumer le corps de Sophie Borca qui a été radiographié et à nouveau autopsié», indique le procureur.
«En 1998, la première fois que les scellés avaient été exploités, il y avait un élément pileux qui avait été retrouvé sur le corsage de Sophie et qui avait révélé une empreinte génétique. Depuis, les technologies ont beaucoup évolué et donc on a encore plus peut-être aujourd'hui l'espoir de trouver des éléments génétiques exploitables», commente Me Herrmann.
Spécialisée dans les «cold cases» et les tueurs en série - elle a notamment travaillé sur l'affaire des disparus de l'Isère, sur celle des disparues de l'Yonne et Emile Louis - cette avocate criminologue insiste sur l'importance des appels à témoins: «Chaque fois qu'il y a un article ou une émission (sur une affaire), des gens se manifestent».
Dans l'affaire des «disparues de l'A26», les gendarmes se sont servis de «l'expérience de l'affaire Elodie Kulik» et des témoignages «suscités» par les reportages diffusés «à peu près tous les ans», selon le lieutenant-colonel Lambert, officier de communication de la région de gendarmerie de Picardie. Cette affaire avait connu un rebondissement en janvier 2012, quand l'agresseur de la banquière, violée et tuée en 2002 dans la Somme, avait été confondu par l'ADN de sa dépouille.
«Cela prouve que ce n'est jamais trop tard. (...) Pour les familles, il y a l'espoir que quelqu'un va parler», observe Me Herrmann.
«D'un côté, on fait des prélèvements sur des scellés, d'un autre côté on fait des prélèvements sur des personnes. On va voir s'il y a des recoupements possibles. On sera peut-être amené à entendre des personnes qui n'avaient jamais été entendues, à explorer des pistes qui avaient été négligées en 1985, avec tous les risques de déperdition des preuves et de fausses pistes qui peuvent résulter de l'écoulement du temps», tempère Olivier Hussenet.
«On va aller certainement de déception en déception, de fausse piste en fausse piste. C'est une affaire qui va réclamer beaucoup de temps, beaucoup d'argent, avec des résultats très aléatoires», prévient le procureur.

http://www.20minutes.fr/article/1305742/20140221-disparues-a26-appel-a-temoins-relancer-enquete

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