mardi 25 février 2014

Décès inexpliqué d'une patiente: Que s'est-il passé à Cochin?

Le récent décès d'une sexagénaire, constaté six heures après son arrivée aux urgences de l'hôpital Cochin à Paris pour une plaie apparemment bénigne au pied, pose question. Les conclusions de l’enquête ouverte par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) devraient être connues à la fin de cette semaine.
Que dit le patron des Hôpitaux parisiens ce mardi?
Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch a expliqué ce mardi matin sur France Inter: «A ma connaissance de l'enquête, il n'y a pas de faute individuelle qui justifierait des sanctions individuelles, il y a des erreurs d'organisation suffisamment graves pour qu'on prenne des corrections, pour qu'on les prenne au sérieux et qu'on rende des comptes.»
En outre, «dans l'état actuel de l'enquête, même si elle avait été prise en charge correctement, tout de suite, ça n'aurait pas eu d'influence, ça ne l'aurait pas sauvée», a-t-il ajouté.
«Oui, il y a des choses qui n'ont pas fonctionné comme elles devraient», a-t-il reconnu.
Que se serait-il passé le 15 février à Cochin avec cette patiente?
Selon Martin Hirsch, le 15 février, «au moment où on appelle [cette patiente] pour la prendre en charge, (...) il y a un moment de confusion où on va la chercher partout (....). Puis, il y a un moment où quelqu'un dit ‘il faut vite la mettre dans un box’ et à ce moment-là, c'est trop tard».
Lors d’une conférence de presse le 20 février, le professeur Stanislas Chaussade, président de la Commission médicale d'établissement (CME) de l'hôpital, a précisé que cette femme de 61 ans, transférée samedi à 16h48 par les pompiers «pour une plaie au pied» à la suite d'une «chute sans signe de gravité», avait été dirigée à son arrivée à l’hôpital dans une zone d'attente.
Une infirmière avait mesuré ses «constantes» (pression artérielle, fréquence respiratoire...) à 17h15 et n'avait pas jugé que son cas nécessitait l'intervention rapide d'un médecin. Il a précisé que cette patiente résidait près de l'hôpital et y avait déjà été hospitalisée plusieurs fois, en raison d'une maladie chronique.
L’enquête ouverte après ce décès inexpliqué est-elle terminée?
L’enquête interne ouverte par l'AP-HP, dont dépend l'hôpital Cochin, doit rendre ses conclusions à la fin de cette semaine.  Elle devra déterminer si des négligences ont été commises par les personnels de l'établissement. Le 20 février, le patron des Hôpitaux parisiens Martin Hirsch et plusieurs médecins éminents du groupe hospitalier ont insisté sur le fait que le service n'était pas plus sollicité que d'habitude samedi, et que les effectifs étaient suffisants.
Pourquoi ce drame crée la polémique?
La question des effectifs est particulièrement sensible, alors que l'hôpital Cochin accueille depuis novembre une partie des patients qui étaient auparavant transférés par les pompiers aux urgences de l'Hôtel-Dieu, converties en centre de consultations 24h/24.
Quels sont les arguments des défenseurs de l’Hôtel-Dieu?
Le comité de soutien de l'Hôtel-Dieu, «Hôpital pour tous», et la CGT ne cessent de mettre en garde depuis contre le risque de décès dans les urgences parisiennes en raison d'une «sursaturation».
Dans un communiqué, «Hôpital pour tous» a affirmé que «le service d'urgences de Cochin était complètement saturé, comme le sont quotidiennement toutes les urgences parisiennes depuis la fermeture de l'Hôtel-Dieu le 4 novembre 2013».
Que répond le patron des Hôpitaux parisiens à ces critiques?
Les effectifs de Cochin ont été renforcés, répond Martin Hirsch. «A ma connaissance, a-t-il déclaré, il n'y a pas d'interférence entre ce décès et la réorganisation de l'Hôtel-Dieu.»
Interrogé sur une éventuelle instrumentalisation de ce décès, le directeur général a dit prendre «cette question suffisamment au sérieux pour ne pas polémiquer avec celles et ceux qui essaient» de le faire.
Alors que la ministre de la Santé Marisol Touraine a demandé à l'AP-HP «de faire la lumière dans les meilleurs délais», les candidats à la mairie de Paris Danielle Simonnet (Front de gauche) et Wallerand de Saint-Just (FN) ont dénoncé la dégradation des services d'urgences dans la capitale. «La sursaturation tue», a affirmé la première, le second dénonçant des urgences devenues «dangereuses». 

http://www.20minutes.fr/societe/1308166-20140225-deces-inexplique-patiente-est-il-passe-a-cochin

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