mercredi 19 février 2014

Chevaline: Pas de lien direct entre l'homme en garde à vue et la tuerie

La tuerie n’est pas élucidée», a indiqué en préambule le procureur de la République d’Annecy Eric Maillaud, ce mercredi, lors d’une conférence de presse destinée à faire le point sur l’enquête, au lendemain de l’interpellation d’un homme de 48 ans, placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour «crime en bande organisée».
Le procureur, qui récuse le terme de «suspect», a qualifié de «cible intéressante» cet ancien policier municipal, placé en garde à vue pour sa forte ressemblance avec le portrait-robot du motard, diffusé le 4 novembre dernier par les enquêteurs. Il a toutefois affirmé  «qu’aucun lien direct» ne permet de le relier à la tuerie de Chevaline ni aux quatre victimes assassinées le 5 septembre 2012. Seule certitude, «son portable a déclenché un relais au-dessus du lac d’Annecy», le jour des faits. Il avait donc «éventuellement le temps de se trouver sur la scène du crime».
>> Revivez la conférence du procureur par ici

Les armes et casques découverts ne sont pas ceux du crime

Lors des perquisitions menées au domicile du suspect, à Talloires (Haute-Savoie), et chez ses beaux-parents, à Chevaline, les enquêteurs ont découvert un scooter grosse cylindrée, deux casques de moto, des grenades, un obus et une quarantaine d’armes de guerre. Parmi ces dernières se trouvait notamment un Luger P08 de fabrication allemande.
«Ce n’est pas la même arme ni le même calibre, a assuré Eric Maillaud. L’arme qui a servi était un Luger P06 de fabrication suisse. Les deux casques ne sont pas non plus ceux du crime.» La fabrication du casque recherché est, selon le lieutenant-colonel de gendarmerie Benoit Vinnemann, «très confidentielle», avec seulement 7.000 à 8.000 exemplaires. Seule une munition trouvée à cette occasion semble correspondre à celles utilisées pour le quadruple meurtre.
Ces perquisitions et la première journée de garde à vue, qui peut se prolonger jusqu’à samedi ont en tout cas permis de mieux cerner le profil de l’ex-gendarme réserviste et ancien policier municipal, qui a quitté son travail en juillet 2013 après vingt ans de métier, avant de travailler ensuite dans la sécurité.
Le procureur l’a décrit comme «un chasseur, amateur et collectionneur d’armes anciennes, en particulier de la Seconde Guerre mondiale, titulaire du permis moto, et au tempérament violent.» S’il n’a aucun antécédent judiciaire, «un certain nombre d’habitants de Menthon-Saint-Bernard [où il exerçait] se sont plaints de son attitude ces dernières années».

Un autre homme en garde à vue, sans doute lié à un trafic d’armes

L’homme est «vraisemblablement impliqué dans un trafic d’armes», a ajouté le procureur. Un élément qui a guidé les enquêteurs vers un de ses amis, «placé en garde à vue après avoir tenté de s’enfuir de son domicile, mardi soir». Des explosifs, des munitions et un détonateur ont été découverts chez ce Haut-Savoyard sans antécédent judiciaire, «de la même génération» que le suspect, même s’«il est peu envisageable qu’il soit mis en examen pour la tuerie de la Chevaline, selon le procureur.
Les deux affaires n’étant, à l’heure actuelle, pas reliées, Eric Maillaud n’exclut pas cependant l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire sur le trafic d’armes» et un déferrement devant le parquet. De nouvelles interpellations pourraient d’ailleurs intervenir dans ce cadre.
Quant à la tuerie de Chevaline, le procureur et le lieutenant-colonel de gendarmerie, qui ont confirmé l’existence de deux ADN inconnus retrouvés sur les lieux, ont assuré que les quatre hypothèses envisagées étaient toujours considérées «à égalité»: la piste familiale, la piste irakienne – toutes deux étant intimement liées -, la thèse d’un tueur isolé et celle liée à la profession de Saad al-Hilli, qui travaillait dans le secteur de l’aéronautique et de la défense au Royaume-Uni. 

http://www.20minutes.fr/societe/1303594-20140219-chevaline-lien-direct-entre-homme-garde-a-vue-tuerie