mardi 9 avril 2013

Politique - Nouvelles révélations sur l’affaire et sur des exilés fiscaux

À chaque jour ou presque, sa nouvelle révélation : l’affaire Cahuzac s’annonce comme le premier épisode d’une série d’affaires politico-financières. L’onde de choc politique et morale va durer.

Sur l’affaire : 15 millions et pas 600.000 euros ?

La télévision suisse-romande (RTS) a révélé hier que Jérôme Cahuzac avait tenté de placer 15 millions d’euros dans une banque privée de Genève en 2009, alors qu’il était président de la commission des finances de l’Assemblée. On est bien loin des 600.000 euros que l’ancien ministre du budget a reconnu détenir sur un compte domicilié à Singapour. Selon le journaliste suisse Darius Rochebin, la perspective de voir la Suisse accorder une aide judiciaire à la France en cas d’évasion fiscale l’aurait convaincu de demander à la banque Reyl de transférer des fonds sur un compte à Singapour. La somme de 15 millions avait été avancée par Mediapart au début de l’affaire.
Pour Jean Veil, l’avocat de Jérôme Cahuzac « ce n’est pas crédible ». Mais un exil fiscal pour « seulement » 600.000 euros ce n’est pas plus sérieux : les tickets d’entrée vers Singapour sont supérieurs à 2 millions.

Qui savait ?

La question reste posée. Jérôme Cahuzac dit avoir menti à François Hollande. Pierre Moscovici, ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac, accusé de l’avoir protégé, a assuré hier dans nos colonnes qu’il avait été exemplaire et qu’il avait été lui aussi trahi. Xavier Bertrand a demandé hier une commission d’enquête sur le fonctionnement de l’exécutif : « Le défaut de vérité ne repose pas sur un seul homme », assure le député de l’UMP. Sauf que l’adversaire de Cahuzac Michel Gonelle (UMP) en avait parlé à des cadres UMP et l’inspecteur du fisc Garnier l’avait écrit aux ministres du Budget des précédents gouvernements. De même, des détectives travaillaient sur le dossier depuis longtemps. Selon Antoine Peillon, spécialiste de l’exil fiscal « il est impossible que les services secrets n’aient rien su».

De nouveaux noms ?

Deux listes circulent. Une vaste enquête de plusieurs médias internationaux a commencé à dévoiler le nom de personnalités ayant investi dans des paradis fiscaux aux Caraïbes. Parmi celles-ci, 130 Français. Une deuxième liste concerne des transferts vers Singapour ou les Seychelles et concernerait des personnalités du monde économique, politique, sportif. Une dizaine de députés et de sénateurs de l’ancienne législature seraient mentionnés. Les noms pourraient sortir rapidement. « C’est un secret de polichinelle : la dimension de cette affaire va être très rapidement considérable », assure Antoine Peillon,

Quelle réponse politique ?

« Je préfère le grand déballage au ‘‘tous pourris’’ », a affirmé l’UMP Laurent Wauquiez qui a, dans la foulée, publié son patrimoine. Une loi pour imposer la transparence sur les revenus des politiques est en préparation. La réponse passe par une lutte contre l’exil fiscal. Le Luxembourg va lâcher du lest sur son secret bancaire, la France et l’Allemagne travaillent ensemble sur le blanchiment d’argent. De quoi alimenter le grand déballage.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/04/08/cahuzac-on-n-a-pas-encore-tout-vu-cahuzac-ca-continue

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