mercredi 27 mars 2013

Incendies à Larmor-Baden. Un habitant refuse le test ADN

Simon Tattevin, un habitant de Larmor-Baden, refuse de donner son ADN aux gendarmes, dans le cadre de l'enquête sur la série d'incendies qui touche la commune. Il s'en explique dans une lettre ouverte adressée au procureur de la République.
« Tout peuple qui s'apprête à sacrifier un peu de liberté contre un peu de sécurité ne mérite ni l'un ni l'autre, et finit par perdre les deux ». Cette citation de Benjamin Franklin ouvre la lettre que trouvera le procureur de la République de Vannes, cette semaine, sur son bureau. Elle est accompagnée d'un exemplaire du « Meilleur des mondes », le roman d'anticipation d'Aldous Huxley.

Habitant occasionnel

L'auteur de la lettre, Simon Tattevin, 39 ans, travaille à Rennes mais revient régulièrement dans la maison familiale de Larmor-Baden, où il est toujours officiellement domicilié. Comme tous les hommes âgés de 15 à 75 ans résidant à l'année ou occasionnellement dans la commune (800 habitants), et comme son père, il a été invité par la gendarmerie à se soumettre à un prélèvement salivaire et/ou d'empreintes digitales. Cette opération, inédite en Bretagne depuis l'affaire Dickinson (1997), entre dans le cadre d'une enquête d'environnement élargie à toute la population, depuis le 7 février, sur la série d'
incendies criminels qui touche la commune depuis décembre 2011.

« Rien à me reprocher »

Mais, contrairement à ses concitoyens qui se sont pliés de bonne grâce au test pour lever les doutes pesant sur la vie du village et tenter de confondre l'auteur qui aurait laissé des traces exploitables sur un ou plusieurs
incendies, Simon Tattevin a refusé. « Pourquoi, vous avez quelque chose à vous reprocher ? », lui aurait demandé un enquêteur au téléphone, le mercredi 13 mars. « Non, c'est justement parce que je n'ai rien à me reprocher que je refuse ce prélèvement », aurait-il répondu du tac au tac. Depuis, plus de nouvelles. Dans sa lettre, il dénonce la logique à l'oeuvre : « Soit vous donnez votre ADN comme un suspect dans une enquête, soit vous refusez et devenez alors suspect dans cette même enquête ».

Réfléchi et provocateur

Dans un style dénué ni de jeux de mots sur le feu, ni de références littéraires, il regrette l'absence de garanties sur le devenir des prélèvements effectués. « Je m'oppose à cette violation du droit au respect de la vie privée, qui est également une grave atteinte au respect du corps humain ». Et d'ironiser sur le fait qu'« un village breton de retraités, avec un taux de délinquance qui ferait passer Le Vésinet (commune tranquille de la banlieue parisienne) pour une banlieue chaude, est passé au crible de l'analyse sérielle ». Simon Tattevin n'agit pas sur un coup de tête. Il a mûrement réfléchi sa démarche, s'est rapproché d'avocats, de la Ligue des droits de l'Homme, de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), avant de poster sa lettre. Il sait qu'il risque jusqu'à un an de prison et 15.000 € d'amende. Mais il sait aussi qu'on ne peut le contraindre à donner son ADN, que les peines sont souvent symboliques et les poursuites parfois abandonnées. Dans une sorte de provocation citoyenne, il veut savoir « jusqu'où le procureur est prêt à aller dans cette affaire... ».


http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/morbihan/larmor-baden-un-habitant-refuse-le-test-adn-26-03-2013-2047422.php

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