samedi 22 décembre 2012

Suicide d'une enseignante : la famille réclame une enquête sérieuse

Lundi, un drame se nouait dans le collège Louise-Michel de Villeneuve-Saint-Germain. Annick Martin, une prof de Segpa venait de se donner la mort. Sa famille reste avec ses questions. Interview avec Christelle, sa soeur.
Si le suicide d'Annick Martin, ce professeur du collège Louise-Michel de Villeneuve-Saint-Germain a suscité une vive émotion au sein de la corporation enseignante, cette tristesse fort compréhensible est bien en deçà du désarroi dans lequel une bonne partie de sa famille se trouve aujourd'hui plongée. Christelle Gomes, la sœur d'Annick, apporte un témoignage poignant. « C'est une façon de rétablir la vérité », dit-elle. Une façon aussi de demander que toute la lumière soit faite sur ce drame.
l'union : Vous vous dites ulcérée par tout ce que vous avez lu et entendu sur le suicide de votre sœur. Pourquoi ?
Christelle Gomes : Nous avons pu lire, par exemple, qu'Annick connaissait des problèmes sur le plan personnel. Problèmes qui auraient eu une incidence au niveau de sa carrière. Mais les personnes qui affirment cela la connaissaient-elles vraiment ? L'avaient-elles seulement rencontrée ? Quant aux multiples tentatives de suicides qui auraient précédé son geste, elles ne sont que fantaisistes. Il y a toute une famille derrière ce drame mais personne ne pense aux conséquences que peuvent engendrer de tels propos !
Qui était votre sœur ?
Annick était issue d'une famille nombreuse et rencontrait régulièrement, chaque week-end et durant les vacances, sa mère ainsi que ses frères et sœurs. Elle échangeait, aimait plaisanter, riait aussi. Elle aimait la vie, lisait énormément. Elle avait soif de culture et en faisait profiter ses nièces et neveux. Elle aimait l'art sous toutes ses formes. Il suffisait d'entrer dans son appartement pour s'en rendre compte. C'était une très belle femme, toujours habillée de manière élégante.
Certains estiment que votre sœur a suivi un parcours professionnel très chaotique. Qu'avez-vous à leur répondre ?
Si effectivement cela a été le cas, qu'a-t-on fait pour y remédier, pour l'aider, pour l'accompagner afin de rendre ce parcours plus cohérent ? Attendait-on cette issue fatale ? Pensait-on qu'il est facile d'enseigner à des élèves reconnus par l'établissement comme présentant des difficultés d'apprentissage graves et durables ?
Comment est-elle venue à enseigner en Segpa ?
Elle avait exercé dans des lycées professionnels auparavant. Elle enseignait la biotechnologie à des classes surchargées. C'était un poste difficile. Elle a alors souhaité travailler auprès d'élèves en grandes difficultés mais cette fois face à de petits effectifs, pour que son travail soit reconnu. Elle pensait réellement aider ces enfants mais la tâche s'est révélée difficile, très difficile même.
Que souhaitez-vous maintenant ?
Annick est partie. Hélas trop tôt. On ne peut revenir sur l'irréparable mais pour sa famille et en sa mémoire nous exigeons qu'une enquête soit menée sérieusement sur les circonstances réelles de sa disparition. Nous avons été choqués d'entendre que « son geste dramatique n'est aucunement consécutif à son travail » alors même que les investigations n'avaient pas encore débuté. D'où sortent ces conclusions ? Se suicider sur son lieu de travail n'est jamais anodin, tout le monde le sait.
Avait-elle laissé un mot avant de commettre son geste ?
Non. Rien. Et cela nous surprend tous. Chez elle, le magazine télé était ouvert à la page du programme du soir. De toute évidence, Annick avait prévu de rentrer chez elle. De même, elle venait de régler avec ses sœurs et sa mère les derniers détails pour la journée de Noël. Alors, que s'est-il passé lors de son arrivée au collège ? Qui a-t-elle rencontré ? Comment s'est déroulé l'échange et quel en a été le contenu ? Ce sont les réponses à ces questions que nous attendons et c'est pour cela que nous souhaitons une enquête sérieuse.
Mardi, en fin de journée, nous avons pu nous recueillir auprès d'Annick. Son visage était toujours aussi beau. Il était reposé. Nous aurions seulement aimé pouvoir lui dire que son sacrifice n'était pas vain.


http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/suicide-dune-enseignante-la-famille-reclame-une-enquete-serieuse

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