samedi 15 décembre 2012

Belfort : des ossements de soldats de la première guerre mondiale depuis 40 ans dans le garage

La boîte en contreplaqué contient des chaussures, quelques éléments d’uniformes et des ossements, fémurs, humérus, des côtes et quelques vertèbres. Le tout se trouve dans le garage de Raymonde Burgy depuis 39 ans.

« C’est un scandale », s’emporte-t-elle. « Personne n’a voulu récupérer ses ossements. Alors j’ai ça dans mon garage depuis le 29 octobre 1973. »
Les ossements et les restes d’uniformes ont été découvert par Emile Burgy junior
« Cette année-là », se souvient-il, « il faisait froid. Mon père m’avait demandé de creuser une fosse pour visiter les voitures dans le garage de leur chalet du 36 rue Molière. « Avec un ami, nous avons creusé tout le week-end. C’est le lundi suivant qu’en grattant la terre, j’ai repéré des morceaux de bois dont l’aspect faisait penser à un cercueil. »
Il trouve ainsi deux cercueils. A l’époque, la famille Burgy alerte tout le monde. Police, gendarmerie, secrétaire départemental de l’office national des anciens combattants, Souvenir français et maire de Belfort se sont succédés sur place.
« On nous a promis d’exhumer ces restes », rappelle Mme Burgy. « Rien n’a été fait. »
Elle contacte le Président de la République Valérie Giscard d’Estaing et Pierre Bellemare. L’animateur consacre une de ses émission « Le pot de terre contre le pot de fer » sur le sujet. La pression médiatique est retombée mais n’a pas été totalement inutile.
« Nous nous sommes rendus compte que notre chalet avait été construit sur un ancien cimetière pour les soldats de la première guerre mondiale », explique le colonel René Bailly, délégué départemental du Souvenir français. « Le sous-sol était mauvais état. En plus d’être gorgé d’eau, les restes humains ont glissé. Alors les corps ont été exhumés bien après la fin puis après la guerre pour être transférés dans des carrés militaires. »
Visiblement des cercueils ont été oubliés. Des habitants du quartier de la Pépinière ont retrouvé divers os lors ces quarante dernières années lors de travaux publics.
Choqués par leurs trouvailles, les Burgy ont demandé à l’office HLM à déménager. Ils ont acheté un pavillon rue de Danton mais ont emporté les ossements.
« Nous ne pouvions rester là », explique Mme Burgy. « Depuis nous nous battons pour que ces héros de la Première guerre obtiennent une sépulture décente. Personne ne veut rien faire. Nous avons toujours refusé l’idée de jeter ses ossements. »
Reste à savoir de quelle nationalité était ces soldats. Les chaussures et les uniformes laissent supposer que les hommes étaient canadiens ou américains. Raymonde Burgy penche pour la nationale canadienne.
« C’est Jean-Noël Bailly après les recherches qu’il a menées », conclut-elle. « Et je me souviens qu’un Danjoutinois affirmait avoir fleuri des tombes de soldats canadiens.
Dans les registres des archives municipales, nous n’avons pas trouvé trace de soldats canadiens mais uniquement français, américains, allemands, italiens et des engagés des anciennes colonies.
Ne sachant plus vers qui se tourner, la famille Burgy a contacté le député Damien Meslot.
« Je suis prêt à donner une aide pour que ces hommes aient une sépultures décentes », indique-t-il. « Au moment où on se prépare à commémorer le centenaire de la Grande guerre, je trouverai indécent qu’on ne fasse rien pour ses soldats. »
Comme le veut sa mission, le Souvenir français assumera l’exhumation et l’enterrement militaire des corps. Il s’est rapproché, aujourd’hui de l’office nationale des anciens combattants pour engager des recherches sur l’histoire des soldats. Auprès des archives de Colmar.
 

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