dimanche 28 octobre 2012

Scandale à "Relais et Châteaux" : le patron charge Villepin

Depuis qu'a éclaté le scandale à "Relais et Châteaux", c'est la première fois que le patron de la chaîne hôtelière, Jaume Tapies, accorde un entretien. Il a choisi de s'exprimer dans les colonnes du Journal du Dimanche, alors que la justice enquête notamment sur un système de "nuitées gratuites" offerte à des personnalités. Jaume Tapies, qui avait siégé pendant treize ans au conseil d'administration de la chaîne d'hôtels de luxe avant d'en prendre la direction en novembre 2005, estime avoir été berné par son prédécesseur Régis Bulot, qu'il appelle "Machiavel-Bulot", et qui est aujourd'hui mis en examen pour "escroquerie en bande organisée".
"Personne n'aurait pu imaginer qu'il avait un compte suisse, puis un compte aux Bahamas, et qu'il participait au pillage de l'association (gérant la chaîne) avec des fonds en espèces," plaide-t-il dans cette interview. Tout en affirmant ne rien savoir sur ce fameux système qui profitait apparemment à des figures connues : "Pour ces 'personnalités', il devait effectivement y avoir une liste, mais nous ne l'avons jamais trouvée. La seule personne qui en avait connaissance était Régis Bulot. J'ai changé ce système", assure Jaume Tapies.
"Villepin m'a fait savoir qu'il voulait me rencontrer"
Il indique par ailleurs avoir été approché par Dominique de Villepin, un ami de Régis Bulot, à la fin 2009, pour lui demander de laisser tomber. "Via un membre de l'association, Dominique de Villepin m'a fait savoir qu'il voulait me rencontrer. Nous avons convenu d'un déjeuner. J'ai aussitôt prévenu les gendarmes, qui m'ont conseillé de ne pas y aller seul ni avec quelqu'un de ma famille. Je m'y suis rendu avec mon secrétaire général. M. de Villepin a dit d'emblée qu'en tant qu'ancien Premier ministre, il s'était renseigné, qu'il avait appelé les gendarmes, et que le dossier était vide. Il a ajouté qu'un président ne devait pas attaquer un autre président, et que cela mettait ma carrière en péril", raconte le responsable.
"Il était clair qu'il voulait que j'arrête, que je retire la plainte. J'ai essayé de lui expliquer qui était vraiment son ami Régis Bulot, mais il avait l'air de ne pas y croire. Qu'un ancien Premier ministre fasse cette démarche me choquait. J'avais devant moi un ancien Premier ministre dont l'ami était à mes yeux un voyou et qui me demandait de laisser tomber cette affaire".
Jaume Tapies révèle que l'escroquerie de Régis Bulot ne se limitait pas à des surfacturation du papier servant à imprimer les guides de la chaîne, mais aussi sur les opérations préalables à leur impression. "Le rapport m'a été remis récemment et il est accablant", affirme le responsable. "Certaines années, les surfacturations dans ce seul secteur atteignaient 400.000 euros. Nous avons des preuves que ce système existait depuis 1997. Je viens d'adresser ce rapport aux enquêteurs et ils pourront se pencher sur cette nouvelle piste. En réalité, c'est toute la chaîne de réalisation du guide qui était pipée. Globalement, j'estime qu'un million d'euros par an partait en fumée, soit environ 30% de tout ce qui était facturé à Relais & Châteaux pour le guide annuel".
 

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