mardi 2 octobre 2012

Handball : les frères Karabatic en route vers Montpellier

Plusieurs handballeurs, dont les frères Karabatic et leurs compagnes, ont quitté le service central des courses et jeux à Nanterre mardi pour rejoindre Montpellier, où se déroule l'instruction sur le match Montpellier-Cesson du 12 mai. Un match sur lequel avaient été relevés des montants anormalement élevés de paris, et que la justice soupçonne d'avoir peut-être été truqué. La nouvelle de ce départ de joueurs des locaux où ils étaient jusqu'alors entendus a été annoncée par un avocat de la défense, Me Jean-Yves Liénard ; on ignore encore le nombre exact des personnes concernées. Lundi soir, trois handballeurs de Montpellier - Mickaël Robin, Vid Kavticnik et Wissem Hmam - avaient déjà été remis en liberté tandis qu'un nouveau joueur du club, Issam Tej, avait lui été placé en garde à vue. Il ne s'agit toutefois que d'une "remise en liberté technique", liée aux délais de garde à vue et au nombre de personnes à présenter éventuellement aux magistrats qui instruisent l'affaire à Montpellier. Cette mesure ne présage donc en rien de la suite de la procédure à leur égard.
Le procureur de la République à Montpellier, Brice Robin, avait indiqué précédemment que dans l'affaire des paris sportifs litigieux entourant le match Cesson-Montpellier, 18 personnes, dont neuf joueurs évoluant aujourd'hui ou à l'époque à Montpellier, avaient été placées en garde à vue depuis dimanche et que celle-ci avait été prolongée jusqu'à mardi. Ces joueurs étaient Luka Karabatic, Nikola Karabatic, Mickaël Robin, Primoz Prost, Samuel Honrubia, Wissem Hmam, Dragan Gajic, Mladen Bojinovic, Vid Kavticnik.
"De très fortes suspicions"
Pour le procureur de la République de Montpellier, les soupçons de tricherie sont forts : "Il ressort de l'ensemble des investigations des enquêteurs que de très fortes suspicions pèsent sur le non-respect de l'éthique sportive à l'occasion de ce match litigieux", a-t-il déclaré lundi. "Des liens très étroits ont été tissés entre les joueurs et leurs parieurs. Pour ceux qui doutaient d'un pacte, il y a matière à se poser des questions très légitimes", a-t-il souligné, évoquant "un match idéal pour parier" puisque Montpellier était assuré d'être champion de France. Les paris sur ce match se sont élevés à 87.880 euros et ont rapporté 252.880 euros, a précisé le procureur, en dressant la liste des motifs de suspicion de la Française des Jeux. Leur montant a été 40 fois supérieur à l'ordinaire; ils ont porté à 99,94% sur un score défavorable à Montpellier à la pause; ils ont été joués en seulement trois endroits (Montpellier, Rennes, région parisienne) et payés par tranche de 100 euros en liquide pour rester anonymes.
"Nikola Karabatic est mis en cause pour avoir retiré 1500 euros et parce que sa compagne a parié pour son compte et retiré des gains", a ajouté le magistrat, évoquant une situation similaire pour son frère. Pour la défense, l'affaire est délicate mais elle assure qu'il n'ya pas eu volonté délibérée de perdre le match. Me Eric Dupont-Moretti, l'avocat des frères Karabatic qui n'avaient pas joué le fameux match, comme trois autres joueurs majeurs de Montpellier blessés, a rétorqué qu'ils "ont parié" lors de la rencontre, ce qu'interdit la Ligue de handball, mais "n'ont pas laissé filer le match, n'ont pas triché". Pour le procureur, il est légitime de se poser des questions sur le match, observateurs, journalistes et entraîneurs ayant noté une "très mauvaise prestation" des Montpelliérains, avec des tirs immanquables mais ratés en attaque, et de très mauvaises statistiques du gardien héraultais avec seulement "25% d'arrêts contre 35%" à son homologue breton.

Selon le magistrat, au centre de l'affaire se trouve un gros parieur qui a joué 15.400 euros dans son établissement et 10.100 euros dans un autre. "Faut-il être sûr de soi pour jouer une telle somme", a dit M. Robin, constatant que cet homme connaît très bien certains handballeurs, tout comme un élève kinésithérapeute qui lui a joué 7000 euros. Tandis que le procureur soulignant que les responsables des deux clubs "sont totalement innocents", le président de Montpellier a affirmé que le sien, qui s'est constitué partie civile, était "une victime" dans l'affaire.
 

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