mercredi 25 juillet 2012

Gendarmes tuées dans le Var : c'était un "traquenard"

Le 17 juin, dans le Var, deux femmes gendarmes, l’adjudant Alicia Champlon, 29 ans, native de Belrupt-en-Verdunois (Meuse) et la maréchal des logis, Audrey Bertaut, 35 ans, avaient été tuées en service à Collobrières. Les deux militaires avaient été abattues par un homme de 30 ans alors qu'elles intervenaient pour un différend à la suite d'un vol. Une rixe assez violente a alors éclaté. Le suspect présumé subtilise une arme de service et tire sur une première gendarme puis tue également la seconde avant de prendre la fuite avec sa concubine.
L'affaire est évidemment encore dans toutes les mémoires. Parce qu'elle a choqué la France entière. Parce qu'elle soulève des questions sur les conditions de l'intervention. Questions auxquelles doit répondre l'enquête.
Un mois après ce drame, le capitaine de la brigade de Pierrefeu du Var où étaient affectées les deux victimes sort de sa réserve avec une longue lettre publiée sur un réseau communautaire interne aux gendarmes. Mais cette lettre est également diffusée sur la toile et notamment sur le forum Gendarmes et citoyens.
Un "traquenard" pour "tuer du bleu"
Dans cette lettre au ton à la fois personnel et fort, le capitaine de la brigade le martèle d'emblée : "Nous avons lu ici ou là toutes sortes d'âneries concernant le déroulement des faits. Sans dévoiler les secrets de l'instruction, j'affirme ici haut et fort qu'aucune de « mes deux filles » n'a commis d'erreur ou n'a pris la fuite. Elles sont tombées dans un traquenard tendu par un tordu qui n'avait qu'une seule envie : tuer du bleu !". Et l'officier d'ajouter : "Pour les faits : avec trois de mes gars et fille, nous sommes arrivés les premiers sur les lieux (avec la Bta La Farlede que je remercie au passage) et c'est nous qui avons constaté leur décès. Au delà des mots, ce sont des images que nous n'oublierons jamais".
Le militaire traduit ensuite son émotion "Sur le plan personnel, c'est également très compliqué. Déchiré entre l'envie de rester au plus près de mes gars et filles et celle de partir pour ne plus risquer d'avoir à revivre des pertes aussi douloureuses. Ma décision a été mûrement réfléchie. Un capitaine ne quitte pas le navire pendant la tempête".
"Elle ne pouvait pas faire autrement"
Le capitaine, qui rend à nouveau hommage aux deux gendarmes, évoque Alicia. Et précise aussi, sur les faits : "Quand j'ai lu qu'elle s'était enfuie, j'ai bondi. Je peux vous l'assurer, si elle a quitté les lieux, c'est qu'elle ne pouvait pas faire autrement. Croyez moi sur parole, je ne peux pas en dire plus".
Femmes en patrouille
Et d'ajouter : "Quant au reproche d'avoir mis deux femmes en patrouille, j'ai eu le même sentiment de culpabilité. Sachez qu'elles devaient être 3, mais que la jeune GAV ayant un RDV le lendemain matin, je l'en ai exemptée, d'une part. D'autre part, sur 27 personnels, 9 sont des militaires féminins. Enfin, si j'avais le malheur de dire à l'une d'entre elles que je ne pouvais pas les faire sortir seules, elles m'auraient vertement traité de misogyne. Je ne veux surtout pas que vous preniez cela pour une justification de ma part, simplement une explication.
J'ai entendu aussi qu'il y avait de la part du commandement (moi, donc !) une évaluation légère de l'intervention et que celle-ci n'avait pas été suffisamment préparée. Je mets quiconque au défi d'imaginer un instant, sur un départ en inter, de savoir à quoi ils vont avoir affaire'


http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/07/24/gendarme-meusienne-tuee-dans-le-var

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