vendredi 25 mai 2012

Meurtre maquillé en suicide, la retraitée écrouée

bout, la retraitée de Fieux a décidé de supprimer froidement son mari. Un passage à l'acte animé par le ressentiment d'avoir sur ses vieux jours, à endurer une existence devenue précaire à cause de la maladie mentale de son époux.
Soupçonnée d'avoir empoisonné puis poignardé son mari dans la nuit de lundi à mardi à Fieux dans le Lot-et-Garonne, Régine Bernède, la retraitée de 62 ans, a été présentée hier au parquet d'Agen et mise en examen pour « homicide volontaire aggravé par la qualité de conjoint ». Perpétuité est encourue dans cette affaire irrationnelle, dont le passage à l'acte semble relever de l'acharnement. Notamment par la suspicion d'un anticoagulant administré sous forme de poison, dont la présence éventuelle et le dosage sont recherchés par les analyses toxicologiques.

Après avoir fait croire au suicide de son époux qui l'aurait suppliée d'abréger ses souffrances, la sexagénaire a craqué en garde à vue, livrant un tout autre visage, diabolique.
La victime, Jacques Bernède, dormait profondément, bouche entrouverte, lorsque sa femme s'est mise en tête un funeste projet. Selon ses déclarations, elle aurait récupéré de la Taupicine que l'ancien agriculteur conservait dans un bleu de travail, dissous le poison, transvasé dans un flacon vide. Puis se serait glissée dans la chambre, pour lui en badigeonner les lèvres et lui instiller à la pipette dans la bouche.
Comme « possédée », elle lui plantait aussi deux couteaux de cuisine dans le sternum et les laissait, enfoncés. Tordu de douleur dans la nuit, Jacques Bernède descendait l'escalier, chancelant, proche de la syncope. Son épouse qui n'avait pas fermé l'œil, l'achevait en lui transperçant le ventre une dizaine de fois avec un couteau de boucher. Des lésions mortelles… Là elle rédigeait des lettres, mettait en ordre ses affaires. Puis quittait la ferme dans l'intention de se supprimer. Mais elle préférait échafauder cette version rocambolesque de suicide et attendait les gendarmes. Toujours selon nos informations, c'est un mélange d'espoirs déchus et de rancœur accumulée qui auraient « armé » son bras meurtrier. Elle qui avait passé son enfance dans cette exploitation perdue dans ce coin de campagne.
Une propriété promise à un bel avenir léguée au temps des épousailles par ses parents. Régine s'était ainsi prise à rêver d'une existence prospère avec leurs trois enfants et des terres fertiles. Mais la maladie « bipolaire » de son époux s'est immiscée dans cette union de 40 ans et a changé le destin. Un mal cyclothymique qui a fini par lui faire perdre pied, à elle. Fragile, défaillant, son conjoint s'était vite retrouvé dans l'impossibilité d'assumer les surfaces agricoles et elle le tenait responsable de leur marasme personnel.

Le rêve de toute une vie en cendres

C'est sur les cendres d'une vie en ruines que le ferment de la colère a germé. Une sexagénaire minée sur ses vieux jours, acculée par les problèmes d'argent, une retraite « peau de chagrin », des travaux inachevés, les cafés au lait et les vieilles conserves en guise de repas et pas de quoi fêter dignement l'anniversaire du fils, récemment. Pour toutes ces difficultés matérielles d'aspect vénal, la « digue » a cédé.
Machiavélisme, femme au bout du rouleau ou coup de folie ? La meurtrière présumée a pris conscience au fil de ces dernières heures, de la portée de son acte. Suivie pour dépression, la question de son état mental au moment des faits reste cruciale. Régine Bernède a été écrouée à Agen.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/05/25/1361563-ecrouee-pour-meurtre-aggrave.html

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