dimanche 8 avril 2012

Montauban. La police judiciaire enquête sur le crématorium

Un salarié du crématorium de Montauban avait consigné au jour le jour sur son ordinateur les turpitudes et les manipulations que lui auraient imposées ses patrons. Le parquet de Montauban a confié une enquête au SRPJ Toulouse. À Pamiers (Ariège) une jeune femme a elle aussi dénoncé au parquet de Foix « le travail bâclé » du crématorium local à l'occasion du décès de sa grand-mère… Coïncidence ? Ce crématorium est administré par la même direction qu'à Montauban. Enquête...
La mort est une réalité traumatisante. Quand de surcroît, des soupçons de manipulation et de tromperies viennent souiller cette réalité, le malaise n'est pas loin. Choquants, terrifiants… Les éléments transmis au parquet de Montauban il y a près d'un an sur des pratiques attribuées au crématorium de Montauban dirigé par Bruno et Marie-Christine Novarino, sont de nature à jeter le trouble sur la déontologie supposée de l'établissement. Le 5 mai 2011, Me Issanchou a transmis au procureur de la République un dossier accablant, précis et circonstancié, racontant par le détail comment le profit et l'absence d'éthique auraient bafoué les défunts et leurs proches. Un dossier constitué au fil des jours par un salarié de l'établissement. « Dès le 11 mai une enquête a été confiée au SRPJ Toulouse », confirme Marie-Françoise d'Esparbès-Serny procureur de la République à Montauban, « il s'agit d'une affaire que nous suivons précisément ». De son côté Olivier Caracotch le procureur de Foix avisé par une jeune femme dont la grand mère a été incinérée à Pamiers (lire ci dessous) se contente de noter qu'à Pamiers, « il y avait peut-être les mêmes difficultés qu'à Montauban ».
En l'état, ce dossier repose sur les accusations d'un ancien salarié qui depuis s'est donné la mort. Dossier dont le contenu est formellement récusé par Bruno Novarino, propriétaire du crématorium. Il repose aussi sur les témoignages d'autres anciens salariés de l'établissement. Plusieurs d'entre eux ont été entendus par le SRPJ Toulouse parallèlement à une procédure pour harcèlement moral lancée par Me Issanchou au nom de la famille du salarié décédé. Un « soit transmis » au procureur de Foix a également été rédigé par les gendarmes tarn-et-garonnais suite à l'audition du détenteur du dossier accusateur. Ces salariés affirment également que l'ordinateur du four est en mesure de prouver les manipulations évoquées.

Quelle qualification pénale?

Aujourd'hui, au terme de plusieurs mois d'enquête, la justice mène prudemment ses investigations « sur une affaire très complexe, difficile et douloureuse si les faits sont avérés », note Mme d'Esparbes-Serny.
L'affaire est donc loin d'être conclue et rien ne permet aujourd'hui d'envisager qu'elle en sera l'issue. Faire l'objet d'une enquête par le SRPJ ne veut pas dire être coupable (1). La première difficulté est justement de cerner la qualification pénale des faits soulevés. Sur quelle base impliquer ce type de faits s'ils sont réels ? « C'est compliqué » reconnaît le procureur de Foix. Sa collègue de Montauban ne dit pas autre chose. « Tromperie » ? « Pourquoi pas », répond la procureur de Montauban « mais cela impliquerait des constatations matérielles »…. En l'état difficiles à établir. Par ailleurs, la jurisprudence ne semble pas offrir d'angles plus solides. Le respect dû aux morts ? On est plus là sur le terrain de la morale. Dans tous les cas, il s'agit d'une affaire qui nécessite « une grande vigilance », estime Mme D'Esparbes-Serny.
(1) La présomption d'innocence prévaut tant qu'un jugement définitif n'a pas été rendu.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/07/1325621-la-police-judiciaire-enquete-sur-le-crematorium.html

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