dimanche 1 avril 2012

Affaire Ligonnès : un an d’enquête et de mystère

Le père de famille nantais recherché pour l’assassinat de ses quatre enfants et de sa femme, au début avril 2011, reste introuvable. Malgré le colossal travail de la police judiciaire.
Ce que l’on sait
Agnès Dupont de Ligonnès, 49 ans, et ses quatre enfants âgés de 13 à 20 ans ont été tués d’au moins deux balles tirées en pleine tête, probablement dans les nuits du 3 au 6 avril 2011. Les cinq corps enfouis chacun dans un sac de jute, enterrés sous la terrasse de la maison familiale, à Nantes, ont été découverts le 21 avril. Xavier, le père, introuvable, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
L’instruction a révélé les ingrédients de cette affaire criminelle hors norme. Le suspect avait mûri son projet avec une froideur sidérante. En décembre déjà, il s’initiait au tir, obtenait sa licence en février pour pouvoir acheter des munitions, puis un silencieux. Il se procurait aussi du ciment, une bêche et une houe, puis quatre sacs de dix kilos de chaux. Après la tuerie, il envoie un courrier délirant à ses proches. « Je suis devenu témoin dans un procès impliquant des hauts responsables du trafic de drogue international. Nous sommes transférés aux USA sous une nouvelle identité. »
Qui était Xavier Dupont de Ligonnès ?
Qui était vraiment ce chef d’entreprise épris d’Amérique ? L’enquête - 2 200 actes d’enquête et auditions - dessine le portrait d’un homme pliant sous les dettes, pas très raccord avec le rêve américain qu’il porte en bandoulière. « XDDL » aime les Pontiac, mais n’a pas de quoi remplir le réservoir de sa C5. Il se voit déjà faire fortune sur Internet, mais son site bricolé périclite. Les huissiers se pointent. Une ancienne maîtresse lui réclame les 50 000 € qu’elle lui a prêtés. Élevé par une mère qui anime un groupe de prière fermé, Xavier de Ligonnès verse, sur la Toile, dans un mysticisme contrarié par ses pertes de foi.
Sa ligne de fuite a été reconstituée, de son dîner dans une auberge de luxe du Vaucluse jusqu’à sa nuit dans un Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens (Var) le 15 avril. Depuis, rien. Les 700 témoignages parvenus à la PJ sont vérifiés systématiquement, en vain.
Les questions en suspens
Xavier Dupont de Ligonnès est-il mort ou vivant ? « Nous n’avons aucun signe de vie depuis le 15 avril », résumait hier, Yves Gambert, procureur de Nantes. Longtemps, l’hypothèse d’un suicide a prédominé, tant on sait qu’il est improbable de cavaler sans argent ni réseau. Ces derniers mois, plus personne ne se risque à faire parler ses convictions. Quel a été le mobile des cinq assassinats ? « XDDL » aurait-il craint la révélation publique de ses échecs, avec l’intrusion des huissiers dans sa double vie bancale ? Une pathologie mentale peut-elle être le moteur d’une telle détermination ? Conclusion du procureur : « Tant que nous n’aurons pas retrouvé l’individu, mort ou vif, ce sera mystérieux. »

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