jeudi 29 mars 2012

Deux morts dans le silo de sucre : un juge d'instruction saisi

La complexité de l'accident et ses conséquences dramatiques - deux morts - rendaient cette décision inéluctable. Quinze jours après le drame de la sucrerie de Bazancourt, le parquet de Reims a ouvert une information judiciaire contre X. pour « homicides involontaires ».
Désormais menée sous l'autorité d'un juge d'instruction, l'enquête va tenter de déterminer pour quelles raisons deux intérimaires embauchés par la société de nettoyage industriel Carrard Services de Reims ont péri asphyxiés sous 2 000 à 3 000 tonnes de sucre alors qu'ils intervenaient dans le silo n° 4 de l'entreprise Cristal Union (l'union des 14 et 15 mars).
Arthur Bertelli avait 23 ans, Vincent Dequin 33. Le premier habitait Millau (Aveyron), le second Somme-Vesle, près de Châlons-en-Champagne. Tous les deux étaient « techniciens cordistes », une profession très particulière qui consiste à intervenir dans des silos pour en nettoyer les parois, en rappel, accroché à une corde fixée sur la charpente métallique ou autre structure.

« Sable mouvant »
Ce matin du 13 mars, deux autres collègues se trouvaient avec eux dans le silo n° 4. L'équipe n'était pas suspendue dans les airs, mais procédait à la « vidange du fond de cuve » pour pouvoir la nettoyer dans sa totalité. « Ils étaient tous les quatre sur le tas de sucre. Il restait un fond d'environ trois mètres, avec des zones plus ou moins compactes », expliquait à l'époque le directeur du site de Cristal Union de Bazancourt, Michel Mangion. « A l'aide de pelles et de barres, ils guidaient le sucre vers la trappe de sortie lorsqu'il y a eu un mouvement, un glissement dans le tas. L'un des salariés a pu sortir tout seul, mais ses trois collègues ont été ensevelis. » Si les équipes de secours de la sucrerie ont réussi à dégager l'un d'eux, elles n'ont rien pu faire pour les deux autres aspirés par le magma de sucre, « comme un sable mouvant », malgré leur corde. Ils se trouvaient sur un monticule plus en aval, ne leur laissant pas le temps de s'enfuir.

Zones d'ombre
Les nombreuses zones d'ombre relevées le jour du drame ne sont toujours pas dissipées, bien au contraire. Des informations contradictoires circulent. Il fut dit tout au début que la trappe était ouverte pour permettre la vidange du sucre, et qu'ensuite cette trappe n'aurait jamais dû s'ouvrir, pour finalement apprendre qu'une « bulle d'air » aurait pu provoquer l'effondrement du tas et l'effet siphon.
Outre les causes de l'accident, le juge d'instruction va s'intéresser aux « conditions d'emploi et de recrutement » des deux cordistes, mais aussi de leurs collègues. L'équipe intervenant ce jour-là comprenait un total de six personnes dont certaines embauchées le jour même par Carrard Services.
Il s'agit de vérifier que toutes étaient suffisamment formées pour la mission qui leur avait été confiée, même si les cordistes décédés sont décrits comme des professionnels expérimentés, ce qui rend le drame d'autant plus incompréhensible.
Ainsi de Vincent Dequin, dont le sérieux et l'implication dans le métier ne souffrent d'aucune contestation. Adepte des loisirs extrêmes, il pratiquait la spéléologie et l'alpinisme depuis de très nombreuses années.
La mort l'a fauché alors qu'il était président du comité départemental d'escalade de la Marne.


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/deux-morts-dans-le-silo-de-sucre-un-juge-dinstruction-saisi

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